Actualité Edilivre

25 avril 2013
Posté par
AA Victoria

L’expression de la semaine : Un soleil de plomb

Cette semaine, nous vous proposons de découvrir l’expression : Un soleil de plomb. Qu’elle soit étouffante, accablante, écrasante, cette savante métaphore se réfère à la chaleur.
Voyageurs qui avez eu l’occasion de vous retrouver, en plein été, au cœur de la Death Valley, dans l’Ouest américain, au contact de l’aridité andalouse, italienne, marocaine, crétoise, vous ne pourrez certainement qu’en témoigner ! Toutefois, une interrogation survient : pourquoi l’astre solaire est-il donc associé au plomb ? Ce métal particulièrement lourd, pesant, est comparable à la canicule affligeante provoquée par le soleil au zénith.

Dans la mythologie et l’Antiquité, celui-ci est associé, le plus souvent, au dieu. Symbole masculin et principe éminemment actif, opposé à la lune, élément passif, il représente la puissance. Rappelons que les peuples incas avaient même construit des pyramides pour se rapprocher de leur dieu soleil et le vénérer. Tantôt allégorie de la vie, de la fécondité, de la nourriture dans les civilisations anciennes, il peut toutefois être aussi synonyme de mort. L’aridité et la sécheresse de certaines régions privant, en effet, certains peuples de leur subsistance vitale, ceux-ci se voient condamnés à la famine.

La littérature fait, quant à elle, la part belle à l’astre solaire. Théophile Gautier mentionne, dans Le Roman de la momie, la chaleur qui accable une grande métropole égyptienne en affirmant que « Oph semblait endormie sous l’action dévorante d’un soleil de plomb ».
Dans L’ Etranger, ouvrage de l’absurde par excellence, Camus donne au soleil un rôle-phare puisque celui-ci est à l’origine du crime involontaire commis par Meursault, personnage central de l’intrigue. Isolé sur une plage déserte d’Algérie accablée de chaleur, celui-ci tire malencontreusement un coup de revolver sur un autochtone, croisé sur sa route. Nerval considère, pour sa part, l’astre solaire de manière pessimiste dans son poème Le Desdichado. Il évoque notamment le « soleil noir de la mélancolie » pour désigner un état de dépression profonde.
Enfin, Solal, le héros du très passionné Belle du Seigneur d’Albert Cohen incarne, à lui seul, l’astre solaire. Amoureux enflammé de la belle Ariane, il s’impose comme le héros méditerranéen typique !

Le saviez-vous ? Les équivalents étrangers du « soleil de plomb » se révèlent saisissants ! Tandis que les Espagnols parlent d’un « un soleil de justice », les Tunisiens mentionnent le très atypique « soleil qui troue la tête de l’oiseau » !

                                                          Soleil_de_plomb_Edilivre