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L'expression de la semaine

L’expression de la semaine : Un point d’orgue
9 septembre 2019
Posté par
Éditions Edilivre

L’expression de la semaine : Un point d’orgue

Cette semaine nous vous proposons l’expression : « Un point d’orgue »

Origine

En tricot, on connaît le point mousse, le point piqué, le point de riz et même le point tour Eiffel, parmi de nombreux autres. Dans certaines églises ou cathédrales, on voit et parfois entend un orgue, cet instrument à vent composé d’une multitude de tuyaux. Alors le point d’orgue s’obtient-il en faisant du tricot dans une église ? Que nenni !

Ceux que le solfège n’effraie pas et qui peuvent donc déchiffrer une partition aussi facilement que d’autres lisent des hiéroglyphes, savent parfaitement que ce qu’on appelle le point d’orgue, au sens propre, est ce signe qu’on trouve au-dessus d’une note et qui indique qu’il faut marquer un temps d’arrêt, suspendre la mesure, sur une durée plus ou moins longue. Et si ce signe s’appelle ainsi, c’est parce que si elle est jouée à l’orgue, la note en question reste soutenue pendant la durée du repos.

Mais pourquoi le point d’orgue a-t-il, au figuré, le sens de « moment intense », alors qu’il s’agit normalement d’un silence (sauf à l’orgue), donc plutôt d’un moment calme, faisant dire à certains qu’il s’agit là d’un contresens ?

Une interprétation évoque le fait que, dans une partition musicale, un silence soudain peut être considéré comme un moment fort. N’oubliez pas que Sacha Guitry a dit quelque chose comme « Quand on écoute du Mozart, le silence qui suit est encore de Mozart », tout imprégné qu’on est par la force du morceau qui vient de se terminer.

Mais il faut plus probablement se tourner vers l’Italie pour comprendre ce sens figuré. En effet, il faut savoir que dans ce pays, certains points d’orgue étaient appelés « cadenza » ou cadence, parce qu’ils étaient placés « sur la première note d’une cadence finale » (les solfègeologues comprendront) et que, là, commençait ce que des personnes ont appelé « un moment cruel », parce l’exécutant était alors libre « de se livrer à ses idées et de suivre son propre goût » relativement au caractère de l’air, et de proposer aux auditeurs les ajouts personnels qu’il considérait comme les plus convenables à sa voix ou à son instrument.

Alors évidemment, pour un artiste médiocre, cette liberté de se lâcher pouvait se traduire par un moment pénible à supporter pour les auditeurs, mais lorsque c’était un artiste de haut niveau qui laissait ainsi libre cours à son inspiration, cela pouvait donner des moments très inspirés et d’une forte intensité émotionnelle.

« Un point d’orgue »