L’expression de la semaine : Poser un lapin

Cette semaine, nous vous proposons de découvrir l’expression « Poser un lapin».

Celle-ci, passée dans le langage courant, désigne le fait de « ne pas se rendre à un rendez-vous », et ce, de manière intentionnelle. Egalement connue sous les termes de « faire faux bond», elle évoque donc une attitude volontaire de grande discourtoisie. La personne qui vous attend en retour, fait, de son côté, « le pied de grue ». L’édition de 1922 du Larousse universel rapporte la définition définitive que nous connaissons aujourd’hui.

Ce proverbe, qui remonte à la fin du XIX^ème siècle, désignait, à l’époque, le fait de « ne pas rétribuer les faveurs d’une femme», en l’occurrence d’une prostituée. Le « poseur de lapin » s’apparentait donc au « client » qui ne réglait pas son dû à la femme dont il avait profité. « Poser un lapin» se disait aussi « brûler paillasse ». Suite à ces désagréments financiers et à ces mufleries masculines, celles que l’on nommait « dames de petite vertu » prirent l’habitude de recevoir leurs gages en avance. En 1883, Alfred Delvau, écrivain et journaliste français, rappelle cette définition, dans son Dictionnaire de la langue verte.

Lorélan Larchey, l’un des contemporains de ce dernier, indique, quant à lui, dans son Supplément du dictionnaire d’argot, que « poser un lapin » appartient au jargon national et désigne le « lapin posé sur les tourniquets des jeux de foire», objet qui reste souvent inaccessible. Cependant, que l’expression soit précisée par les uns ou par les autres, elle indique toujours une quête que l’on ne peut atteindre, ou que l’on vient de manquer. Il est amusant de comparer ce proverbe à ses équivalents européens et étrangers. En Allemagne, on entendra, par exemple, « donner un panier à quelqu’un», en Belgique, « envoyer son chat », tandis que les Chinois parlent de « lâcher un pigeon » et les Espagnols de « donner des courges ».