Tous les 2e mercredi du mois

Les secrets d’un bon dialogue !

Comme au cinéma, de bons dialogues sont essentiels pour captiver le lecteur.

D’un seul coup d’œil, votre lecteur doit pouvoir différencier les passages dialogués du reste du récit et, surtout, naviguer confortablement dans les échanges entre vos protagonistes.

Rien de plus agaçant pour un lecteur que d’être perdu en pleine joute verbale entre deux personnages ! C’est pourquoi…

… Un bon dialogue commence par un dialogue bien présenté

Deux systèmes sont tolérés :

Celui qui emploie les guillemets français + les tirets, selon le modèle suivant  :
« Veux-tu une tasse thé  ? demanda-t-il.
— De l’eau chaude et des plantes ? Très peu pour moi, rétorque-t-elle, agacée.
— Tant pis pour toi, abdique-t-il.»

Un autre système s’appuie uniquement sur le tiret, selon le modèle suivant :
— Veux-tu une tasse thé  ? demanda-t-il.
— De l’eau chaude et des plantes ? Très peu pour moi, rétorque-t-elle,
agacée.

La forme et le fond

Quelques conseils pour rédiger de bons dialogues :

  • Le dialogue apporte quelque chose en plus au récit, il ne doit pas faire double-emploi.
  • Evitez de « parler pour ne rien dire ». Si vos personnages s’expriment, ils le font pour une bonne raison : exprimer un sentiment, délivrer une information à un interlocuteur, sous-entendre un propos…
  • Visez la concision. Le dialogue est un passage dynamique dans le récit. N’hésitez pas à couper les répliques qui peuvent l’être pour permettre des échanges rapides, stimulants pour le lecteur.
  • Tous les personnages ne parlent pas de la même manière. Le phrasé, la richesse — ou la pauvreté — du vocabulaire, la longueur des phrases, la rapidité de réponse ou au contraire l’hésitation, tous ces petits détails en disent beaucoup sur vos protagonistes. Soyez original, ne tombez pas dans les clichés. On évite, par exemple, de faire parler un professeur en langage soutenu sur plusieurs pages.
  • D’ailleurs, un dialogue se passe à plusieurs. Chacun doit avoir son mot à dire, son utilité pour faire avancer cet échange. Pour reprendre l’exemple du professeur ci-dessus, on ne tombe pas dans le piège qui consiste à laisser parler le personnage le plus « intelligent » en laissant à son interlocuteur l’unique fonction de répondre « D’accord ». Celui qui écoute fait partie intégrante de l’échange, les questions éventuelles, les observations qu’il propose font avancer la discussion.
  • Variez les verbes de dialogue. Heureusement pour nous, nous ne nous contentons pas de « dire » ou de « répondre ». On peut aussi « hurler », « s’exclamer », « se moquer », « sangloter », « pouffer », « rétorquer », « couper », « asséner », etc.
  • Une grande partie d’une discussion entre deux personnes, réelles ou fictives, passent par le non verbal. Agrémentez vos passages dialogués de description de gestes, de mimiques. Brandir le poing, se frotter la nuque, croiser les bras, lever les paumes vers le ciel…

Parfois, le silence vaut mieux qu’un long discours.

Pour finir sur cette partie — que nous n’avons fait que survoler —, une petite citation à méditer :

En un mot, pas de constructions phrasées, pas de tournure guindée, pas de moule littéraire; dégagez la phrase pour lui laisser la spontanéité, l’allure vive, l’aisance du moment, le fouettant et l’imprévu de la réplique; mais que le dialogue soit cependant tenu, manié avant tact, sentant encore le style, non le style narré, explosif et appliqué, mais un style discret, une intention d’éloquence qui porte; et qu’on sente les rênes sans voir la main. » (…)

Antoine Albalat, L’art d’écrire enseigné en 20 leçons, 1899.

À bientôt !