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Les défis littéraires de leur création à nos jours
6 mai 2017
Posté par
Flora

Les défis littéraires de leur création à nos jours

Ecrire n’est pas un défit assez grand pour certains auteurs, professionnels ou amateurs, ils ont décidés d’ajouter une difficulté en se fixant des contraintes à respecter dans l’écriture de leurs textes. Découvrons ensemble l’origine de cette écriture à contraintes et ses différentes formes actuelles.

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Les origines
« Parce que la forme est contraignante, l’idée jaillit plus intense ! ». Charles Baudelaire nous donne ici l’une des justifications de la création de l’Oulipo en 1960, par François Le Lionnais et Raymond Queneau. L’Ouvroir de littérature potentielle n’est pas qu’un mouvement littéraire. Il regroupe des écrivains et des mathématiciens, qui se présentent comme des « rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se proposent de sortir »
L’association propose à ses membres différentes contraintes afin de faire travailler leur imagination. Parmi les contraintes les plus connues, on peut citer la contrainte de l’Abécédaire, qui consiste à écrire des phrases dont les initiales des mots successifs se suivent dans l’ordre alphabétique. La contrainte S+7 est également très utilisée par les oulipiens : il s’agit dans ce cas-là de remplacer chaque substantif du texte par le septième trouvé après lui dans le dictionnaire.
Un moyen de faire fructifier son imagination tout en se distrayant, voilà ce que proposait l’Oulipo en son temps.

L’heure de gloire
Mais bien plus qu’une distraction, ce mouvement a permis la reconnaissance d’un certain nombre d’auteurs et particulièrement de Georges Perec, qui a relevé le défi prodigieux d’écrire tout un roman sans la lettre e. Cette contrainte s’appelle le lipogramme, et elle est désormais considérée comme une figure de style oulipienne. De ce défi est née La disparition, l’œuvre la plus célèbre de Perec. Il considérait d’ailleurs que les contraintes formelles étaient un puissant stimulant pour l’imagination.
A la sortie du roman, peu de critiques littéraires ont remarqué la performance réalisée par l’écrivain. Il avait pourtant disséminé un faisceau d’indices dans son œuvre. Les journalistes auraient dû être plus attentifs au fait que le roman comporte 26 chapitres mais qu’il manque le cinquième, ce qui est très clairement visible dans l’index en fin de volume, ou bien à sa définition de la chose disparue : « un rond pas tout à fait clos, fini par un trait horizontal ». Enfin, il utilise de nombreux subterfuges pour pallier le manque de cette fameuse lettre e, comme par exemple lorsqu’il remplace l’expression « ni une, ni deux » par « ni six moins cinq, ni dix moins huit ».

Internet et la diffusion du concept le_renouveau_des_défis_littéraires_Edilivre
Mais les défis littéraires ne sont pas l’apanage des auteurs célèbres et chacun peut s’y mettre. C’est d’ailleurs ce qui est en train de se produire. Tous les jours, des sites et des blogs fleurissent pour nous proposer des défis plus ou moins facile à réaliser. Alors que certains blogs proposent de publier vos textes si vous respecter un thème, un décor et un nombre de mots, d’autres défis sont beaucoup plus alambiqués. Un site met en ligne chaque semaine une photo et c’est à vous de rédiger un texte à partir de cette image. Vous êtes libre d’écrire une nouvelle, un poème, un dialogue théâtral mais vous avez cinq minutes et pas le droit d’effacer le moindre mot. Comme avec l’écriture automatique, il faut écrire ce qu’il vous passe par la tête en voyant cette image.

Ces exercices, qui demandent parfois beaucoup de concentration, sont un excellent moyen de stimuler son imagination, et de jouer avec les mots. Ils peuvent également servir de colonne vertébrale à un futur roman.

Avez-vous déjà participé à un défi d’écriture sur internet ou ailleurs ? Avez-vous envie de jouer le jeu ?