Le phénomène religieux

La croyance ne peut pas égaler la vue. Celui qui opère cette substitution – pensons à Paul de Tarse – croit bien faire. Lui voit, il est sauvé. Il croit pouvoir nous sauver aussi. Il dit que nous sommes sauvés dès que nous croyons en sa prédication. Il lui a semblé que sa vue, extraordinaire, lui donnait aussi une mission, celle de nous la transmettre. Or, la vue ne se transmet pas. On ne donne pas naissance. Il le sait. Il en appelle à la foi. Il en appelle à la croyance en une mort et une résurrection divines qui doivent nous servir de modèles suprêmes pour notre propre mort et notre propre résurrection. La révélation divine, à laquelle il est demandé de croire, ne peut se substituer à l’authentique révélation, celle qui peut survenir en chacun de nous, celle qui est notre destin.