Autour du livre

3 mars 2017
Posté par
Flora

Le creative writing : adulé des Américains, détesté des Français ?

Existe-t-il des ingrédients mystères et secrets, une recette pour devenir écrivain ? Les récits s’avèrent-ils le fruit d’un génie inné ou d’un dur labeur mûrement réfléchi et entretenu ?

Creative_writing_EdilivreZoom sur un concept « made in America »
Au pays de l’oncle Sam, le creative writing, qui a pour but de former à toutes les techniques d’écriture, du théâtre à la poésie, en passant par les scénarios de films et les romans, fait fureur. Grâce à des classes, réunies dans les facultés des Etats-Unis, des formations à l’apprentissage de l’écriture sont dispensées aux étudiants, pouvant s’étendre d’une demi-journée à trois ou quatre ans !

Instituées en 1936 à l’université d’Iowa, par Kurt Vonnegut, (né en 1922 et mort en 2007), auteur de nouvelles, de romans et d’essais de science-fiction, elles se sont très rapidement répandues sur tout le continent américain. Certains grands auteurs anglo-saxons, repérés dans ces ateliers, s’illustrent d’ailleurs comme de véritables « produits » de cette « technisation » de l’écriture. Parmi ces « héritiers », figurent Philip Roth, Jonathan Safran Foer ou encore Ian McEwan.
Un « plan d’attaque » rédactionnel, permettant d’appréhender les différentes étapes d’élaboration d’un récit, a été mis en place. Le prosateur averti ou débutant crée d’abord des personnages, un décor et une intrigue. Il détaille ensuite l’histoire, puis relit les brouillons. On connaissait le concept du « self-made man » aux Etats-Unis, émergerait-il à présent celui du « self-made writer »?

Une écriture « efficace » sévèrement controversée en France
Cette initiative d’écriture créative est sérieusement remise en cause dans l’Hexagone où l’on pense qu’elle produirait des « clones » de la pensée, dépourvus d’originalité et se confondant dans la banalité. Bien que les Français boudent cette pratique, Jean Biguenet, auteur et dramaturge réputé aux Etats-Unis, a mis en place, depuis 3 ans, un cours de « creative writing » à l’université américaine de Paris. Il y enseigne tous les ressorts de l’écriture. Sa technique consiste à rappeler que l’on ficelle une histoire qui a du sens  en  recyclant les « bons vieux  basiques » de la trame narrative que sont la situation initiale, la perturbation, les péripéties, la résolution et la situation finale.

En France, où l’enseignement des lettres reste centré sur l’analyse des textes, cette méthode d’écriture reste toutefois réprimandée, laissant à désirer selon certains esprits.Atelier_écriture_Edilivre François Bon, professeur à l’ENS, qui anime de nombreux ateliers d’écriture demeure toutefois « frileux » face à la contamination de ce concept venu d’outre-Atlantique. Si le creative writing n’a pas bonne presse en France, les cours destinés à perfectionner les lettres de motivation, les CV et autres tâches rédactionnelles ardues connaissent un retentissant succès dans les facultés parisiennes de renom.

Et vous, que pensez-vous de ce concept ? Apprend-t-on à devenir écrivain ?