Autour du livre

30 mai 2013
Posté par
Flora

La vie cachée de Charles Baudelaire, tour à tour critique d’art, peintre et modèle

C’est bien connu, les artistes aiment prendre la pose. Dès l’apparition des premiers clichés, au 19ème siècle, poètes et romanciers se prêtent au jeu d’attitudes lascives, tourmentées, pensives. Célèbre entre tous, Charles Baudelaire s’est imposé tout à la fois comme sujet pensant l’art et objet de l’oeil du photographe.

Portrait_inédit_Baudelaire_EdilivreLa découverte d’un portrait inédit de l’écrivain
Si Nadar, photographe officiel des artistes de la période romantique a su allègrement retranscrire les postures voluptueuses d’Oscar Wilde, véritable dandy, les expressions hallucinées de Nerval, terrassé par des crises de démence, il a également « capturé » Charles Baudelaire sous ses angles les plus solennels. Ce dernier, qui méprisait la photographie, qu’il considérait comme une déviance moderne, fut également l’objet de nombreux dessins.

La Cité de l’architecture et du patrimoine, située dans le 16ème arrondissement parisien, a récemment découvert, au sein de ses archives, un portrait graphite du poète. L’artiste, âgé d’une trentaine d’années, y apparaît entouré de ses différentes maîtresses, Jeanne Duval, Marie Daubrun et Apollonie Sabatier, qui adoptent des attitudes pour le moins suggestives. Le jeune homme, ravi, semble quant à lui, conforté dans un mutisme et un sérieux qu’on lui connaît déjà. Ce portrait, demeuré toutefois inachevé et anonyme, était voué à la réalisation d’une estampe, gravure sur bois.Le visiteur peut le contempler à la Cité de l’architecture et du patrimoine, où il est exposé entre le 22 avril et le 22 juin 2013 !

Baudelaire, artiste aux multiples talents
Sujet de portraits, le poète lui-même a réalisé de talentueux croquis. Ses dessins, qui ajoutent à son prestige, prennent le plus souvent la forme d’autoportraits, bouleversants témoignages d’une évolution physique irréparable. L’homme ne cherchant pas le moins du monde à s’embellir, s’y représente dans toute la vérité de son être, esquissant les traits de son visage flétri par les ans. Ainsi, rien ne nous est caché de son existence chaotique, marquée par une consommation d’opium outrancière et des fréquentations libertines dans le Paris des années 1850.

Dessinateur d’une part, Baudelaire, contraint par des dettes et passionné par la peinture, s’est aussi attelé à la rédaction de critiques d’art.critique_d'art_Edilivre
Son premier ouvrage en la matière, le Salon de 1845, qui concerne le même évènement, est consacré à l’art pictural de l’âge d’or romantique. L’homme ne ménageant pas ses opinions, y imprime déjà son style incisif.
S’inscrivant dans la continuité de Diderot, il dresse le portrait de nombreux peintres, du maître réaliste Courbet à l’impressionniste Manet, qu’il juge sans état d’âme. Effectuant des parallélismes entre ses pairs et des peintres de l’époque, il établit notamment une savoureuse comparaison entre Hugo et Delacroix, « géants artistiques » de l’époque.

Un artiste doit-il être polyvalent selon vous ?

Article écrit avec la participation de Camille