La falaise aux pleurs

« La lune pose son doigt blanc sur mes paupières, entre au fond de moi par mes prunelles pleines de noir ; elle coiffe maintenant la falaise aux pleurs que l’on devine en ombres chinoises dans l’horizon incrusté d’étoiles. L’une d’entre elles, soudainement, s’épanouit en une frange d’or et d’argent, puis s’élargit en une clarté radieuse qui tremble et scintille sur le rideau sombre qui enveloppe la vallée. Elle caresse la haute muraille de lave, l’irradie prodigieusement pendant quelques minutes, avant de décroître et s’effacer lentement, comme à regret. Il me semble ne plus pouvoir quitter du regard cette masse noire qui dans son immobilité me regarde, et qui, dans l’écho assourdi de quelque chose, me remplit indiciblement d’une sensation étrange, comme une fièvre paradoxale, me rappelant, s’il en était nécessaire, qu’elle fait partie de mon histoire, bien plus que toutes ces montagnes alentour, vierges de tout secret, de tout événement bizarre, et qui ne sont l’antre dissimulée d’aucun prodige inexpliqué… »