Tous les 2e mercredi du mois

La création de personnages.


Combien de fois vous êtes-vous retrouvé, lors d’une soirée pluvieuse, à avoir envie de lire un peu « pour vous endormir plus facilement ». Et là, d’un coup, 3 heures du matin s’affichent sur le cadran du réveil ! Vous constatez alors, les yeux rouges de sommeil, que vous avez déjà parcouru plus de 40 pages. Mais voilà, vous êtes incapable de quitter ce héros (ou héroïne) qui est devenu, le temps de cette lecture, votre meilleur ami !

Les personnages qui peuplent les films tout comme les bouquins sont le noyau même des histoires. Tout en parcourant les pages, on rit, on pleure, on râle, on retient sa respiration, on souffre pour et avec eux… et c’est magique !
Il n’y a rien de plus important pour un lecteur que de se sentir proche du protagoniste d’une histoire, c’est la force motrice qui pousse à tourner les pages les unes après les autres, et ce, jusqu’à la fin du récit.

Mais comment parvenir à une telle osmose ?
Comment créer des personnages vraiment accrocheurs ?
Voyons ensemble quelques petites astuces.

Les personnages
 
Caractériser son personnage
1 – Le personnage est réel, en chair et en os

Si dans le passé le héros (ou l’héroïne) d’un roman était créé sur des caractéristiques extraordi-naires, presque divines, l’augmentation de la production littéraire et par conséquent la variété des thèmes dont on dispose ont fait basculer la conception du protagoniste vers un sujet de plus en plus réel et quotidien.

Le lecteur cherche un personnage auquel s’identifier, pas nécessairement un modèle à suivre, mais sûrement un être humain en chair et en os avec ses doutes, ses complexités et surtout ses principes.
Pensez à M. Sherlock Holmes : au-delà du génie de l’investigation, il existe une âme seule et inquiète, un homme cynique, parfois impoli et enclin à la dépendance d’alcool et d’autres substances plus ou moins reconnues… Conan Doyle arrive à nous rendre sa bizarrerie sympathique, voire attachante, et c’est justement là toute la clef de voûte : le cas à résoudre, différent à chaque épisode, n’est alors plus qu’une partie de l’histoire.

2 – Le personnage est cohérent envers le monde et envers lui-même

Lors de la construction d’un personnage, il est souhaitable d’en tracer les lignes au préalable. Tout comme les êtres humains qui nous entourent, notre personnage a un caractère qui lui est propre, avec des particularités que l’on découvre lors du récit.

Création de votre personnage

Il est important de connaître dans les détails, tant d’un point de vue psychologique que physique, notre personnage pour savoir comment le faire parler et agir. Le fait de savoir comment il est coiffé (sauf s’il est chauve, bien sûr), de quelle couleur sont ses yeux, s’il est boiteux, bègue ou passionné pour les vêtements couleur pistache forgera l’imagination du lecteur et l’aidera à mieux entrer en connexion avec le personnage.

Mais attention à ne pas tomber dans l’hyperréalisme : un Zola d’aujourd’hui pourrait être compliqué à rendre intéressant et un surplus de détails descriptifs pourrait finir par alourdir le récit.
Il faut laisser le lecteur découvrir ce personnage qui l’accompagne dans le récit, au fur et à mesure, par petites touches. Évitez donc d’étaler son pedigree dans une seule et même phrase : Gérard Plantu, né le 1er avril 1952, 1,71 m avec les talonnettes, les cheveux blonds coupés court, mais pas trop, les yeux bleus tirant sur le vert selon le temps, le ventre plat (avant le repas), etc.
Vous êtes d’accord sur le fait que cela rendrait vraiment la lecture indigeste !

3 – Le personnage est intéressant, sans être parfait ni stéréotypé

Pour avoir une histoire, il faut bouger les choses et les choses bougent avec les émotions.
Notre personnage doit avoir un objectif et le poursuivre avec passion, mais attention à ne pas concevoir un nouveau Sacripant stéréotypé.
Accordez à votre personnage une dimension complexe et des réactions humaines ; faites en sorte qu’il se trompe, qu’il blesse et soit blessé dans une logique d’apprentissage qui lui permet d’évoluer.

Le petit plus !
Évitez les clichés, les lieux communs et fuyez les personnages qui s’adaptent à la masse des trahis (si c’est le cas, quelle plaie !).
Essayez de lui donner un petit je-ne-sais-quoi qui le rend unique.

4 – Le personnage est une partie de l’ensemble

Sans histoire, il n’y a pas de personnage, et sans personnage, il n’y a pas d’histoire !

Interaction des personnages
Il est fondamental de construire son personnage en même temps que la trame, car c’est dans ce contexte exact qu’il existe et que le lecteur le découvre.
Vous pouvez concevoir ses caractéristiques à votre guise, mais n’oubliez pas qu’elles doivent permettre de justifier sa présence dans l’histoire.

Toutefois, faites bien attention aux contextes afin de garder une cohérence. On évitera de lui faire dire des « wesh, ma gueule » and co, alors qu’il se meut dans un monde aristocratique, par exemple.
De plus, pensez à offrir au protagoniste toute une série de personnages dits secondaires, aux ca-ractères bien particuliers, qui interagiront avec lui tout au long de l’histoire et qui lui permettront d’évoluer. Ils sont aussi importants que le personnage principal et méritent d’être conçus tout aussi soigneusement.

Pour reprendre l’exemple précédent : que serait Sherlock Holmes sans Watson ni Mrs Hudson ?

Pour conclure

La construction d’un bon personnage ne s’improvise pas, c’est le résultat d’une longue étude approfondie.
Une bonne méthode pourrait être celle de faire une liste de questions qui permettront de bien cadrer son personnage : quel est son nom ? Quel est son âge ? Où vit-il ? Quelle est sa profession ? Quelle est sa passion ? Quelles sont ses manies ? À quoi pense-t-il avant de dormir ? Quel est son passé ?

Un personnage, c’est comme une peau qu’on jette mais qui vous laisse des traces. C’est donc une façon merveilleuse d’apprendre à connaître l’humanité.” – Jeanne Moreau