L'ennemi du bamiléké

Tout était parti d’un conflit foncier ; tout se serait arrêté à un malentendu entre deux frères, s’il n’y avait eu cette épineuse question qui rejaillit presque toujours au détour d’une querelle, quand on est issu d’origines culturelles différentes de celles de l’autre : la tribu.

Nyamoro était un homme au cÅ“ur ouvert, amoureux des amitiés fortes, festoyeur jouissif, dont le tort était de n’avoir que ce souci en permanence. Il s’en serait d’ailleurs contenté, si Mouolae ne lui avait pas fait savoir que le métier de vendeur de terrain, est une activité qui peut transformer une existence moribonde en vie paradisiaque. Evidemment, ce n’était pas sans calcul ; puisque de gros projets étaient envisagés sur une parcelle qui faisait des envieux.

Si Kouam n’était intervenu à son tour pour démontrer ce qu’est le ‘Bamipower’, force redoutable et redoutée, peut-être que Nkitcho, le dernier fils de Mouolae, quinze ans d’âge, étudiant en philosophie, serait encore en vie pour raconter les débuts d’une guerre ethnique et ses méfaits.

On comprend enfin pourquoi être benti ou bamiléké dans un pays déchiré entre ‘communautarisme’ et ‘expansionnisme’ peut être porteur du germe d’un conflit que le sang se charge le plus souvent de perpétuer.