L’Arbre à souhaits – Desiderium shaft

Les grandes vacances venaient de commencer et les jumeaux avaient leur programme bien établi : attraper un sanglier ! Vivant ! Je vous prie ! Cette idée était venue d’un pari avec Benjamin. Benjamin le maudit, Benjamin le fayot, Benjamin le rival et soupirant de Lucie…
Comme sujet d’exposé de fin d’année, Benjamin avait raconté à la classe une journée de chasse qu’il avait passée avec son père, Claude Bouchard. Mais, dans son récit, pas de trophée de chasse, pas le plus petit moineau. Vu de loin, parti trop tôt, raté en plein vol, ce qui s’appelle en termes de chasse « la bredouille ». Et fièrement, d’annoncer en guise de conclusion :
« Mais, mon papa m’a promis que la prochaine fois on tuerait un sanglier ! »
L’occasion était trop belle. Jérôme, qui se chamaillait depuis toujours avec Benjamin, n’avait pu s’empêcher de lui lancer, rigolard :
« Oui ! Et avant que ton père ne tue un sanglier, moi j’en aurais pris un vivant… »
Ce qui avait eu l’effet escompté : toute la classe était partie d’un fou rire général. Autant dire que Benjamin était devenu rouge pivoine, mélange de colère et de ridicule. L’affront était de taille.
« Chiche ! Et si t’y arrives pas, t’es rien qu’un sans-culottes ! » avait lancé le pauvre à Jérôme.