Tous les 2e mercredi du mois

Jeux d’écriture poétique.


Vraiment ? !
Vous vous dites incapable d’écrire et vous restez devant une page blanche ou votre écran d’ordinateur à compter les taches sur le mur d’en face ? !

Si c’est le cas, il est grand temps d’aller ranimer votre côté ludique et créatif pour repousser le banal qui vous attire vers l’imitation ou la contrefaçon !

Pensez original et lâchez-vous !!

Écriture poétique
 

Vous n’osez peut-être pas vous l’avouer, mais le résultat est là : vos jeux de mots, vos boutades de fin de repas, vos reparties avec les collègues ou vos commentaires sur les réseaux sociaux, tous ces éléments teintés d’absurde, d’humour ou de non-sens piquent la curiosité de votre auditoire.
Alors oui, bien sûr, vous le pressentiez déjà, l’imaginaire a pris place dans votre esprit et ce processus pourrait bien être une aide à l’écriture…

De fait, vous êtes déjà dans un espace entre le possible et l’imagination, entre le dedans et le dehors.
Ce lieu se nomme Poésie et ce terme peut sembler désuet, voire éthéré.
Pourtant, c’est un concept très moderne, car il fait appel à l’instantanéité, au bricolage de la langue et à la déconstruction du sens pour élaborer de l’inédit.
Tant pis si l’alexandrin boite un peu, qu’importe si la rime s’enrhume ou ne rime pas, l’essentiel est dans le tempo, dans le rythme et dans les sonorités.

Acceptez l’incongru, l’insensé, les tournures surprenantes ou les expressions imagées, tous ces éléments donnent du relief à l’intrigue.

De leur côté, les érudits parleront de prosodie, de rimes riches, d’hémistiche, de prose versifiée et tant d’autres choses. Je leur laisse volontiers analyser cette mécanique poétique.

Pour ma part, ce principe est surtout un outil ludique, un jeu d’écriture pour aller à la rencontre de l’inattendu et de l’extraordinaire.
Plusieurs possibilités permettent d’ouvrir le champ des possibles :

Les contraintes :
Imaginer


Les dadaïstes et les surréalistes voulaient casser les normes sclérosées du classicisme avec des approches avant-gardistes. Issus de ces mouvements littéraires du début du XXe siècle, les adeptes de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) utilisent, dans leurs jeux d’écriture maintes contraintes pour déjouer les habitudes.
En 1969, Georges Pérec écrit La Disparition, un roman étonnant de 300 pages, sans utiliser une seule fois la lettre E, pourtant très fréquente en français. Sa contrainte était le lipogramme : écrire un texte sans utiliser une ou plusieurs lettres de l’alphabet.

Il existe plusieurs contraintes très ludiques disponibles dans l’univers d’Oulipo, mais rien ne vous empêche de créer vos propres contraintes.

Les cadavres exquis :

Habituellement, c’est un jeu collectif, mais vous pouvez l’adapter pour jouer seul, en écrivant des petits bouts de phrases sur des Post-it à des heures, des jours, des endroits différents. La collecte se fait selon vos envies.
Vous pouvez aussi sélectionner un mot ou un bout de phrase à la page 50 (par exemple) de plusieurs livres de votre bibliothèque ou sur les sites visités sur le Net, au hasard des clics.
Le résultat est surprenant et souvent inattendu : postmoderne, incohérent, absurde… ou pas, à vous d’en faire quelque chose !

Un vocabulaire, une signature :

De la même manière qu’on crée un personnage récurrent, on peut aussi envisager de créer son propre vocabulaire.

Détournez, recyclez, inventez des mots ou des expressions, ces inventions pourront devenir votre signature, votre style.

La langue française est vivante, elle peut absorber la nouveauté.

Alors, allez-y, testez vos trouvailles, rodez-les, elles finiront, peut-être un jour, dans le dictionnaire.

Brainstorming itinérant en solo :

Lors d’une balade récréative en solitaire, la plupart d’entre nous avons déjà fait l’expérience de voir, dans notre esprit bouillonnant, des idées apparaître puis s’enfuir aussitôt sans qu’on puisse les capturer.
Lorsque l’on marche, le rythme des pas apporte un tempo qui favorise la divagation de l’esprit.
Arthur Rimbaud le savait : c’était un fugueur, un piéton, un itinérant qui explorait des voies nouvelles. Aujourd’hui, Sylvain Tesson, le géographe écrivain, imite cette démarche pour raconter ses voyages intérieurs.

Ce foisonnement désordonné de l’esprit, à l’image d’un puzzle, est le prélude à une mise en forme créative. Sachez profiter de cette itinérance !

Le dire, le chanter pourquoi pas…

Selon le message à transmettre, le support peut varier. Ainsi, pour des textes courts, certains ont choisi l’oralité, à l’image du slam, du rap ou de la chanson. Boby Lapointe, Serge Gainsbourg, Alain Bashung ou Orelsan ont excellé dans cet art musical.
Pour autant, le travail d’écriture en amont reste le même : solitaire, hors du temps, voire chronophage.
Pour les textes longs, dire à haute voix son travail est un bon exercice. En effet, ce qui sonne bien dans la tête ne fonctionne peut-être pas aussi bien en le disant.

Ainsi, on entend mieux la phrase trop longue, les redites, les mots inutiles ou la ponctuation mal placée.
Dire et vocaliser ses phrases permet de faire sonner les mots, d’harmoniser les rythmes et de travailler les équilibres.

Pour conclure

Cette panoplie d’exercices ludiques permet d’ouvrir et d’aérer l’esprit pour l’écriture quand il est parfois difficile de dégager un sujet, de trouver un scénario ou de créer un personnage et l’animer. Les jeux d’écriture font baisser la pression qu’on met soi-même sur son travail. Le résultat de ces créations permet parfois de nous surprendre jusqu’à savourer notre impertinence…
Prenez ce qui vous intéresse dans cette panoplie ou préférez d’autres techniques.
L’essentiel est à votre portée : tous les moyens sont bons pour l’écriture.