- Edilivre

Dominique Semingan

Dominique Semingan est né à Paris en 1958 au sein d’une famille modeste. A huit ans, il est envoyé, sans savoir pourquoi, dans un institut médical et pédagogique tenu par des religieuses. Il vit cet abandon maternel douloureusement. De plus, il est le seul à ne pas savoir écrire. L’attention particulière de la mère supérieure pallie rapidement ce retard mais elle meurt et d’autres mères supérieures se succèdent. Il grandit avec le sentiment que sa vie ne lui appartient pas. On choisit à sa place sa formation, son métier, etc. Il ne sera pas peintre en bâtiment. A dix-huit ans, il est enfin libre. Après plusieurs emplois, Dominique Semingan trouve finalement un poste à sa convenance à l’hôpital Necker, à Paris. Il a par ailleurs longtemps pratiqué l’athlétisme et a servi la Croix Rouge une vingtaine d’années. L’auteur, avec une grande simplicité et avec nostalgie, nous livre toutes ses pensées d’enfant auquel on a imposé une vie communautaire très réglée et à laquelle il a dû s’adapter. Il n’a ni repère, ni appui, ni affection dans la précarité d’un quotidien où le libre arbitre est proscrit. Dominique Semingan a commencé à écrire son histoire à l’adolescence dans des petits carnets pour combattre l’oubli. Aujourd’hui, il publie son témoignage pour tourner la page et finalement pardonner et accepter le passé. L’auteur, qui a fondé une famille, ajoute, sans rancœur aucune, que l’on comprend toujours quand c’est trop tard et que chaque jour, il faut lutter pour donner du sens à sa vie et mener à bien ses projets. Dominique Semingan, brancardier à la maternité, se découvre maintenant en tant qu'auteur. Il vient de publier un livre dans lequel il raconte son enfance, Souvenirs à l'ombre d'un cèdre. Émotion et réalisme sont au rendez-vous.

Avis des lecteurs

Un livre sincère, émouvant et spontané. - 28/11/2014

Un sens du récit qui présente l'évolution de l'auteur sur plusieurs années déterminantes de son existence. Il souligne quelques moments forts et chargés d'émotions, alors que des mois, voire des années de la « vie qui passe » sont évoqués dans leurs seules grandes lignes. J'ai été particulièrement touchée par les souvenirs d'enfance, tendres, entre le narrateur et sa grand-mère. La lecture (l'amour des livres est transmis au jeune homme par une éducatrice), puis l'écriture, se trouvent au coeur de cette identité en construction. Le cinéma aussi permet de nourrir la sensibilité du narrateur. Les années 1970 dans le 12e arrondissement de Paris au sein d'une cellule familiale modeste sont parfaitement données à voir. Des sentiments universels (presque) sont décrits avec émotion et précision : qu'est-ce qu'un premier amour d'adolescent, idéalisé, romantique, imaginé, et bien loin d'une réalisation concrète ? Cette construction mentale d'un premier amour non payé de retour est décrite avec sensibilité. Le narrateur, qui ne s'exprime pas (ou si peu) oralement est particulièrement touchant. Sa sensibilité ne trouve pas, au fil des années dépeintes ici, d'interlocuteur qui lui aurait permis d'obtenir aide et compréhension. La mère est présente mais elle ne comprend pas son fils. L'entraîneur d'athlétisme est également présent mais ce sont les performances sportives qui constituent le lien entre lui et le jeune homme. Ce livre m'a semblé proche de ceux de Marguerite Audoux. La même pureté face au monde s'exprime. Il m'a semblé également proche, dans son esprit, de l'oeuvre de Charles Juliett. De même que chez ces deux auteurs, l'écriture est une nécessité intime et vitale. D'où la force du roman. D'où également l'attachement éprouvé par le lecteur pour le narrateur. Ce livre est d'ailleurs apparemment issu du carnet intime écrit au fil des années par l'auteur. « Hors course » est un roman de formation qui dévoile les angoisses et les incertitudes d'un jeune homme de 14 ans (au début du roman) en proie à de multiples interrogations. Il se sent différent, décalé, « hors course », hors de son époque. La raison mise en évidence, dès le début du roman, est le mode d'éducation de l'enfant (l'auteur en a rendu compte dans un premier roman, "A l'ombre des cèdres" chez Elsévir)). Très jeune, sans qu'il en connaisse la raison, l'enfant est mis en pension dans une institution religieuse. Tout roman de formation présente un être qui tente de lutter contre les obstacles l'empêchant de trouver sa propre voie. Dans ce livre, très clairement, c'est donc l'éducation religieuse qui est mise en cause. À chaque roman de formation, correspond son obstacle qui doit être vaincu. L'obstacle est produit par la sensibilité et le système d'interprétation du personnage principal lui-même. Le lecteur, de son point de vue, forge sa propre chaîne de causalité. Dans tous les cas, c'est le témoignage, vu de l'intérieur, du personnage qui donne toute sa valeur au livre. Ce roman aurait pu s'appeler « Vers le bonheur » car, en dépit de douloureuses luttes intimes, la conviction profonde du droit au bonheur apparaît fermement affirmée dans l'esprit du narrateur. Au moment où le lecteur prend congé du personnage, cette conviction apparaît fondée. Le bonheur semble enfin être là, palpable.