Livre

Déserts

Déserts

Par Sylvie Ferrando

Thème : Roman de société / actualité

Date de publication : 04/06/2012

Apparemment heureux, Georgia, Kirsty et Mortimer mènent des vies bien différentes, dans trois villes éloignées, aux États-Unis et en Oman. Jusque-là, ils croyaient être frère et sœurs, nés tous trois à Washington, de Sophie, écrivain, et de Douglas, climatologue. Peu à peu, au fil de leurs destinées d’adultes, se dessine une autre vérité, dans ces villes ou ces déserts qui, peuplés ou non, ne sont peut-être que les révélateurs de leurs expériences particulières.
  • Roman (134x204)
  • 130 pages
  • ISBN : 9782332500830
17,50 €
7,99 €
Papier
Numérique

Sylvie Ferrando

Biographie

Sylvie Ferrando

Sylvie Ferrando a vécu à l’étranger et enseigne les lettres en France. Elle écrit des contes, des nouvelles et des romans depuis une quinzaine d'années. Elle a soutenu une thèse de doctorat en linguistique et a travaillé dans le monde de l'édition. Photo de couverture : copyright Nathalie Claverie-Green-Armytage

 

Avis des lecteurs

Cinq déserts - 19/11/2012

Cinq déserts, cinq voix, unies autour d’un secret familial que l’on découvre et qui joue le rôle de bain révélateur pour chacun des personnages. Cinq destinées prisonnières de leurs solitudes, que la vie a séparées et que le roman fait se rejoindre au fil d’une intrigue qui révèle peu à peu leurs liens. Ce sont les lettres d’une morte qui font rejaillir le passé et remettent en question maints acquis familiaux : au fil des chapitres, le portrait éclaté d’une famille (trois enfants, la mère et le père) et de la complexité de ses liens (regrets, reproches, mise à distance…) se dessine, révélant combien, malgré l’éclatement, chacune des voix est tributaire de l’autre et a reçu en héritage une certaine vision commune de la vie qui se traduit jusque dans son choix d’enracinement géographique. En effet, quoique dispersés aux quatre coins du globe, chaque membre de la famille habite un désert, que cela soit au sens le plus géographique du terme (Nouveau Mexique, Sultanat d’Oman, Arctique), ou métaphorique (Houston, Washington, déserts urbains émotionnels) ; chacun est hanté par la solitude, ainsi que par un certain rapport sensible, sensuel au monde, plus ou moins intériorisé ou exprimé (par l’art ou la science). Ainsi, bien qu’ils cherchent à s’expatrier (littéralement : s’éloigner de la terre des ancêtres et de ses valeurs), ils se découvrent tous, malgré des personnalités et des quotidiens bien différents, reliés par leurs filiations affectives, par des liens émotionnels parfois plus forts que les simples liens du sang. Peu importe alors, au final, le tournant que prendra chacune des vies – que le passé s’apaise, qu’on lui tourne résolument le dos, que l’on bifurque ou que l’on s’ancre un peu plus fermement dans les valeurs transmises ; un fil rouge, débusqué par les révélations inattendues qui servent de pivot au roman, les relie presque malgré eux, jusque dans leurs prises de conscience et bouleversements personnels. Si la lectrice pointilleuse que je suis a regretté l’aspect didactique un peu trop appuyé de certains passages et quelques tournures manquant de rythme, cette deuxième immersion dans l’univers de Sylvie Ferrando m’a davantage convaincue : depuis Roma, l’Avventura, le style a gagné en fluidité et en efficacité, les personnages et les milieux qui les portent sont mieux cernés (tant dans leurs différences que dans les échos qui se tissent entre eux), et le fil conducteur, égrené à petites touches, intrigue jusqu’aux dernières pages. Ce court roman parvient à faire ressentir, par éclats, ce qui peut, au-delà du sang, constituer une famille, un certain sens de la famille tout du moins. En cela, et au-delà de ces quelques défauts stylistiques, il touche à son but ! Par De Litteris

Commentaire élogieux - 22/10/2012

Chère Sylvie, J’ai beaucoup aimé votre roman « Déserts » et vous écris mes premières impressions. J’ai en effet découvert un roman original qui révèle un talent d’écriture en contrepoint fort inspiré de votre part. La composition du roman en cinq parties, introduisant chacune un personnage dans une temporalité et un univers différents, toutes subtilement reliées par un manuscrit secret, est passionnante. Le déploiement de trois générations d’une même famille autour de ce secret emporte le lecteur dans des contrées lointaines. Nous entrons dans « Déserts » par le désert du Nouveau Mexique. Première rencontre : Georgia, proche de la mort, se remémore le passé et « combien sa mère avait tenté de lui transmettre son amour des fleurs et des grandes villes ». Etrange femme qui ressemble aux « belles corolles ouvertes ou fermées » de la peintre du désert Georgia O’keeffe. Elle aime les matins clairs dans son ranch, plénitude soudain bouleversée par une correspondance révélant une épreuve familiale : Kirsty, sa jeune soeur, aurait une autre filiation maternelle ! Pourtant Georgia ne souhaite pas déranger son existence organisée au rythme du ranch et des foires à bestiaux de Tucson. Cependant, toute égoïste qu’elle puisse paraître, elle recherche les causes de l’événement du côté de son enfance, notamment autour du père, Douglas, qui les a abandonnés. Georgia aux couleurs romanesques s’étiole sans doute trop vite, comme les fleurs du désert. Au plan narratif, cette première partie introduit toutes les données du récit : Les trois enfants devenus adultes, Georgia, Mortimer et Kirsty vivent dans des villes et continents différents, des océans les séparent. Confrontés à la révélation, chacun réagira selon ses préoccupations ; Georgia et Mortimer demeurent dans leur « désert » ; seule Kirsty exprime une diversité de pensée, entre la découverte du désert d’Oman, son métier de photographe, la naissance de sa fille et le secret qui la concerne. Dans cette même partie, nous découvrons, sous forme de journal, les lettres de Sophie, leur mère, lettres destinées à sa propre mère à Paris. Sophie y développe, dans un grand souffle d’écriture, les saisons, les rues, les jardins aux mille floraisons, l’histoire… Sa passion pour Washington où elle séjourne avec Douglas, le père des trois enfants, est magnifique. Cependant dans ce parcours, seules quelques brèves incursions dans son intimité, autre secret dans la grande ville. Aussi n’éprouverons-nous pas auprès d’elle son sentiment d’abandon. Le père, Douglas est un personnage impalpable, un homme qui disparaît toujours... « Ce n’est pas tant que j’étais infidèle, c’est plutôt que j’étais très fidèle à de nombreuses personnes »… Séducteur, chercheur toujours accompagné, toujours en partance, peut être est-il profondément solitaire. Il demeure l’étranger et interroge le lecteur ! La deuxième partie du roman, centrée sur Kirsty dans le désert d’Oman, nous offre de très belles pages. Nous partageons sa passion du désert, les abords de Sur, la tombée de la nuit sur les dunes. Plus tard, songeant aux lettres reçues, Kirsty exprimera un certain détachement : « tout cela était si loin, si minuscule. Personne ne voulait parler (…) peu importait les filiations, les infidélités, les actes notariés, ce qui comptait à présent c’était l’amour qu’elle avait reçu dans sa jeunesse, et le bonheur avec sa fille, dans ce pays où elles vivaient. » Le titre « Déserts » correspond bien à ces univers habités par les personnages. Si Georgia et Mortimer désertent leur pensée et demeurent à la surface de leur monde, Kirsty, photographe à la découverte du désert, et Sophie dans son goût de l’écriture, harmonisent le monde extérieur et leur intimité profonde. Par leur art et leur aptitude à l’amour, elles échappent l’une et l’autre au « désert ». Ainsi, lors de la disparition de Sophie, Kirsty se révèlera être la plus proche. Chaque partie du roman se clôt comme un lien brisé ou interrompu dans l’histoire de la chronique familiale. Pourtant nous souhaiterions découvrir plus encore la profondeur des personnages auxquels nous nous attachons. Tant d’univers et de couleurs foisonnent ! Les êtres révélés au cours de ce roman poursuivront-ils leur chemin ? Sigrid L. Crohem – le 8 octobre 2012

critique favorable du roman "déserts" de Sylvie Ferrando - 04/10/2012

Déserts, le roman de Sylvie Ferrando, se présente comme une enquête destinée à lever le voile sur un secret de famille. Porté par les voix des différents membres de cette famille, l’une des forces du roman réside dans la diversité, la clarté et la profondeur des personnages mis en scène. *** Georgia, la fille cadette, cultive en elle la volonté de façonner sa vie dans un ranch du Nouveau Mexique. L’exploitation familiale est présentée de façon concrète et joyeuse. Le rythme de la narration, adapté à la peinture de cette existence fondée sur l’action, est celui du récit d’une seule journée, celle où Georgia prend connaissance des lettres de sa mère, dévoilant un aspect jusqu’alors occulté de son passé familial. Georgia, dont le tempérament positif est naturellement tourné vers l’avenir, interroge alors ses souvenirs. C’est ainsi que le fil narratif (la quête des origines familiales) fait émerger ce moment atypique dans la vie de Georgia, habité de doutes, d’émotions, qui sont autant de manifestations d’une sensibilité habituellement enfouie. La deuxième fille, Kirsty, habite également un désert de sable, le Sultanat d’Oman, mais la couleur du roman est ici toute autre, le caractère de Kirsty étant plus intériorisé, plus artiste. Le rythme de la narration est celui d’un récit de vie qui débute à l’annonce de la mort prochaine de la mère et qui inclut l’apprentissage du désert par Kirsty, son attachement croissant à la culture, à la poésie du pays, attachement qui va de pair avec la découverte de sa première maternité, une expérience intense, vécue toute en sensibilité et en profondeur. Dans la troisième partie, nouveau changement décor, situé à Houston, et de personnage, avec le portrait du fils de la famille. Le mode de narration s’apparente ici à celui du roman d’initiation. Mortimer, ambitieux, sensuel, matérialiste, est amené à transformer radicalement son existence. Le récit a dès lors pour effet de rendre le lecteur curieux de connaître quel sera le nouvel avenir du personnage. La quatrième voix est celle de la mère, dont le récit est mené à la première personne. L’effet de proximité ainsi créé entre le lecteur et le personnage de Sophie est accentué par la présence d’extraits des lettres de Sophie à l’orée de sa vie d’épouse, puis de mère. Situés dans la première partie du roman, ils participent à l’élaboration du portrait maternel tout en dessinant une vision poétique et vivante de la ville de Washington. Dans cette partie se trouve révélé une partie de l’énigme familiale, l’auteur ayant su ménager dans les récits précédents une approche suffisamment allusive pour maintenir l’intensité dramatique du roman. La narration, qui dévoile les déchirures conjugales, est empreinte de pudeur et même de légèreté, qui sont des qualités propres au personnage de la mère. Le lecteur conserve ainsi une marge de liberté d’interprétation, ce qui, sans nul doute, est un gage de la profondeur et de la vérité humaine du roman. La dernière partie s’ouvre sur un nouveau désert, de glace celui-ci, et s’attache à la personnalité du père. L’auteur entraine, une fois encore, le lecteur vers un autre lointain voyage avec sa lumière aveuglante et ses péripéties extrêmes. Le récit, cette fois-ci, joue avec les codes du roman d’aventure. La version de l’histoire familiale présentée par Douglas est racontée, elle aussi, avec une forme de légèreté dépourvue de toute acrimonie. L’un des points communs de l’ensemble des personnages du roman est, à cet égard, une évidente capacité à développer dans l’existence une attitude d’élégance tout à la fois positive et pudique. *** Déserts est un roman empli d’énergie qui suscite le rêve autour de lointains horizons. Il crée également un véritable attachement envers chacun des personnages, le lecteur éprouvant, une fois le livre achevé, l’envie de suivre les personnages de la jeune génération. Chacun a vécu, l’espace de la narration, un moment intense de prise de conscience, parfois même de bouleversement de son existence. On termine le roman. On en souhaiterait davantage. Existe-t-il un meilleur critère pour mesurer le plaisir pris lors de la lecture ?

Critique favorable du roman "déserts" de Sylvie Ferrando - 04/10/2012

Déserts, le roman de Sylvie Ferrando, se présente comme une enquête destinée à lever le voile sur un secret de famille. Porté par les voix des différents membres de cette famille, l’une des forces du roman réside dans la diversité, la clarté et la profondeur des personnages mis en scène. *** Georgia, la fille cadette, cultive en elle la volonté de façonner sa vie dans un ranch du Nouveau Mexique. L’exploitation familiale est présentée de façon concrète et joyeuse. Le rythme de la narration, adapté à la peinture de cette existence fondée sur l’action, est celui du récit d’une seule journée, celle où Georgia prend connaissance des lettres de sa mère, dévoilant un aspect jusqu’alors occulté de son passé familial. Georgia, dont le tempérament positif est naturellement tourné vers l’avenir, interroge alors ses souvenirs. C’est ainsi que le fil narratif (la quête des origines familiales) fait émerger ce moment atypique dans la vie de Georgia, habité de doutes, d’émotions, qui sont autant de manifestations d’une sensibilité habituellement enfouie. La deuxième fille, Kirsty, habite également un désert de sable, le Sultanat d’Oman, mais la couleur du roman est ici toute autre, le caractère de Kirsty étant plus intériorisé, plus artiste. Le rythme de la narration est celui d’un récit de vie qui débute à l’annonce de la mort prochaine de la mère et qui inclut l’apprentissage du désert par Kirsty, son attachement croissant à la culture, à la poésie du pays, attachement qui va de pair avec la découverte de sa première maternité, une expérience intense, vécue toute en sensibilité et en profondeur. Dans la troisième partie, nouveau changement décor, situé à Houston, et de personnage, avec le portrait du fils de la famille. Le mode de narration s’apparente ici à celui du roman d’initiation. Mortimer, ambitieux, sensuel, matérialiste, est amené à transformer radicalement son existence. Le récit a dès lors pour effet de rendre le lecteur curieux de connaître quel sera le nouvel avenir du personnage. La quatrième voix est celle de la mère, dont le récit est mené à la première personne. L’effet de proximité ainsi créé entre le lecteur et le personnage de Sophie est accentué par la présence d’extraits des lettres de Sophie à l’orée de sa vie d’épouse, puis de mère. Situés dans la première partie du roman, ils participent à l’élaboration du portrait maternel tout en dessinant une vision poétique et vivante de la ville de Washington. Dans cette partie se trouve révélé une partie de l’énigme familiale, l’auteur ayant su ménager dans les récits précédents une approche suffisamment allusive pour maintenir l’intensité dramatique du roman. La narration, qui dévoile les déchirures conjugales, est empreinte de pudeur et même de légèreté, qui sont des qualités propres au personnage de la mère. Le lecteur conserve ainsi une marge de liberté d’interprétation, ce qui, sans nul doute, est un gage de la profondeur et de la vérité humaine du roman. La dernière partie s’ouvre sur un nouveau désert, de glace celui-ci, et s’attache à la personnalité du père. L’auteur entraine, une fois encore, le lecteur vers un autre lointain voyage avec sa lumière aveuglante et ses péripéties extrêmes. Le récit, cette fois-ci, joue avec les codes du roman d’aventure. La version de l’histoire familiale présentée par Douglas est racontée, elle aussi, avec une forme de légèreté dépourvue de toute acrimonie. L’un des points communs de l’ensemble des personnages du roman est, à cet égard, une évidente capacité à développer dans l’existence une attitude d’élégance tout à la fois positive et pudique. *** Déserts est un roman empli d’énergie qui suscite le rêve autour de lointains horizons. Il crée également un véritable attachement envers chacun des personnages, le lecteur éprouvant, une fois le livre achevé, l’envie de suivre les personnages de la jeune génération. Chacun a vécu, l’espace de la narration, un moment intense de prise de conscience, parfois même de bouleversement de son existence. On termine le roman. On en souhaiterait davantage. Existe-t-il un meilleur critère pour mesurer le plaisir pris lors de la lecture ? Par Carole Détain (caroledetain@yahoo.fr)