Tous les 2e mercredi du mois

Comment écrire un conte destiné aux enfants ?

 

Vous souvenez-vous de ces quatre mots : « il était une fois », qui nous menaient sur les pas de ce futé Petit Poucet qui eut l’idée lumineuse, tel un Edison des temps anciens, de semer des cailloux pour retrouver son chemin, ou de cette entêtée de Chaperon rouge qui fit le repas du loup pour avoir joué l’effrontée, trop sûre d’elle, ou bien de la Belle au bois dormant poussée par une grosse flemme dans un sommeil de cent ans, le temps que son prince charmant se décide enfin à la réveiller… et de tous ces autres personnages qui nous étaient contés lors de notre insouciante enfance ?

Nous étions alors plongés dans un monde fantastique, mystérieux, imaginaire.
Et c’est ce que vous vous apprêtez, à votre tour, à faire pour nos jeunes générations.

Conte pour enfant
Qu’en est-il de ce monde féerique ?
Château féérique

L’environnement, qu’il s’agisse du décor ou des êtres qui y vivent, est important pour situer l’histoire. Il n’y a pas de période ni de lieu prédéfinis, mais il est plus aisé de positionner le conte dans une époque et un endroit très éloignés avec, par exemple, des « jadis », « il y a bien longtemps », « dans un pays fort lointain » qui permettront à l’enfant de faire jouer son imagination pour se créer un monde surnaturel.
Pour l’aider, n’hésitez pas à fournir force détails de ce lieu fantastique. Ceux-ci lui donneront l’envie de le découvrir ou de voir son héros le fuir, selon qu’il attire ou fait peur. Mais quand on parle de peur, n’abusez pas, ce n’est pas une histoire d’horreur que vous écrivez là !

Alors, on va gentiment remiser hémoglobine et autres accessoires de ce genre, hein.

 
Qu’est-il arrivé ?

Pour mettre une ombre au tableau idyllique que vous aurez au préalable dépeint, car le monde n’est pas toujours enchanteur, il faut introduire un élément déclencheur (pourquoi pas avec ces simples mots : « un jour… » ?). Qu’est-il arrivé pour que l’histoire parte ainsi en vrille ? Pourquoi le Petit Poucet est-il amené à s’aventurer dans un lieu inconnu alors qu’il se la coulait douce chez ses parents ? Pour quelle raison Cendrillon a-t-elle troqué ses belles tenues pour un tablier et une paire de sabots au confort plus qu’incertain ?

Et qui est ce sorcier aux pouvoirs maléfiques qui pose son grappin sur le pays de notre héros ?

 
Quelles sont les péripéties que nos héros doivent traverser ?

Avec tous ces événements, le héros va devoir se décarcasser pour trouver une solution afin de vaincre le mal. Pour ce faire, il sera certainement aidé d’êtres surnaturels tels que des elfes, une fée ou des lutins qui, par leurs pouvoirs fantastiques, combattront à ses côtés l’être maléfique aux multiples ressources, qu’il s’agisse d’un dragon, d’un magicien, d’un troll, d’un ogre ou d’un animal tout aussi sympathique. Quant aux sept nains, pour défendre la naïve Blanche-Neige, ils vont devoir déjouer les entourloupes de la reine à la plastique dangereusement mise à mal par un miroir trop franc. Hansel et Gretel devront de leur côté éviter de servir de déjeuner à une sorcière à la myopie avérée. Les trois petits cochons auront à jouer les apprentis architectes pour se protéger d’un loup famélique qui ne manque pourtant pas d’air.

 
Quel dénouement proposer à notre héros ?

Dans les contes, le mal est toujours vaincu par le bien… quoique.
Bien sûr, Blanche-Neige est débarrassée de sa belle-mère acariâtre. Hansel et Gretel font un court-bouillon de leur sorcière à la vue de taupe. Cendrillon peut enfin enfiler ses pantoufles de vair (pour une vie de patachon, assurément).

Mais qu’en est-il du petit Chaperon rouge ? Eh bien, le loup en aura fait un festin bien arrosé (elle n’avait qu’à pas se gausser de lui).

Comme quoi il vous est possible de trouver un dénouement à votre sauce, sans scrupule aucun, les conteurs classiques ne s’en étaient d’ailleurs pas privés, eux.

Méchant loup
 
Et quelle fin donner au conte ?

Très souvent, nos héros vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants (on était loin de la politique de l’enfant unique…), le pays fut libéré du joug du sorcier perdu par son ego surdimensionné. Les enfants retrouvèrent leurs parents, la table remplie par enchantement de victuaille.
Bref, il s’agit généralement d’une fin très heureuse pour nos héros, mais aussi pour leur monde. Mais, comme expliqué dans le paragraphe précédent, rien ne vous empêche d’imaginer une fin moins glorieuse.
Car il faut savoir qu’un conte, tel que nous le connaissons, a aussi une approche moralisatrice : si tu n’écoutes pas, si tu mens ou si tu es méchant, il t’arrivera des bricoles…

Vous auriez pu le demander au Chaperon rouge, elle vous l’aurait dit… si elle en avait trouvé le temps.

 
Et pour l’écriture ?

Pour que l’enfant puisse vraiment adhérer au conte, il est préférable de faire l’usage de l’imparfait et du passé simple qui le propulseront dans un passé très lointain justement.

Lecture pour enfant
Vous n’êtes pas là pour épater la galerie ni pour désaltérer un auditeur assoiffé de connaissance encyclopédique, alors évitez d’employer des termes trop compliqués, trop pompeux afin que l’enfant suive l’histoire sans risquer de décrocher parce que celle-ci lui semble incompréhensible.

Les détails sont importants pour qu’il puisse imaginer aisément les personnages et l’environnement dans lequel ils évoluent.

Ainsi, il s’endormira enfin avec des rêves plein la tête, et vous, vous pourrez enfin déguster votre petit digestif sur votre canapé, dans le silence retrouvé… Votre rêve !