Peyre, soldat malgré lui

Mars 1632, rue des tonneliers à Bordeaux ; dans le quartier des Chartreux, le pavé est gras, il y a du soleil. Les maisons sont à deux ou trois étages, à colombage, avec des fenêtres à volets sans vitres. La rue est étroite et on voit juste la lumière filtrer à travers l’échancrure des toits qui se joignent tout là-haut. Le père, Joseph Maledan, tient dans sa main droite un bâton à bout ferré, le pommeau luisant de patine, et de l’autre, un sac de toile sombre. Il a des chaussures noires à boucles, des bas blancs et une culotte épaisse de toile grise. Une veste noire à deux pans lui bat les cuisses. Un ruban blanc retombe de son chapeau noir à large bord.
Devant lui son fils Peyre, le nez en l’air, des sabots aux pieds avec du foin qui dépasse, les jambes nues, une culotte de grosse laine, une peau de mouton sur les épaules, sur une chemise à larges manches. Il porte un chapeau de paille à large bord. Lui aussi tient un bâton à la main droite. Son autre main retient un baluchon qu’il porte sur son épaule...