Apocalypse

Veille

La fièvre de la veille fait battre mes tempes
Et le Temps travailler les veines de la table.
Quand la tête se vide et penche sur la feuille,
Comme une perle sur la planche d'un retable,
La paume de la main dans sa coupe recueille
Les larmes des pétales que fane la lampe.

De cette main qui tremble, la courbe et la hampe
D'une lettre s'élèvent pour former le galbe
Et le plein de sa hanche. L' âme se recueille,
Belle flamme d'un vase en prière, belle albe
De lumière dont s'ouvrent sur la frêle feuille
Les ailes de la plume et les portes du Temple.

(Apocalypse, Chapitre VIII, La demeure d'Abraham.)