La presse en parle

27 mars 2012
Posté par
AA Victoria

Angela Boeres-Vettor dans laplumeculturelle.fr

Auteur de plusieurs ouvrages d’inspirations diverses, et lauréate de nombreux prix, Angela Boeres-Vettor signe, avec « Poste restante », son sixième ouvrage aux éditions Edilivre. Huit récits où des écrivains en herbe font leurs gammes en s’épanchant sur leur papier à lettres. Autant de plumes qui plongent dans les méandres de la pensée et des sentiments en explorant pour le plus grand bonheur du lecteur les ressorts de leur existence.

Souriante et sensible, Angela Boeres-Vettor.

Si de nos jours les plus jeunes préfèrent communiquer par courriel ou SMS, nombre de lettres d’amour entourées d’un ruban dorment dans des tiroirs, car la lettre a représenté depuis toujours un des meilleurs moyens de communiquer à distance. La littérature épistolaire a connu ses « lettres » de noblesse en un temps où la poste n’en était qu’à ses balbutiements et ou le moindre courrier suscitait une réunion d’amis pour prendre ensemble connaissance des nouvelles. La célèbre marquise de Sévigné illustre, par ses lettres littéraires, bien écrites et quelque peu affectées, ce genre littéraire en vogue aux XVIIème et XVIIIème siècles. Un certain nombre d’oeuvres voient même leur déroulement s’effectuer par missives interposées, le plus célèbre roman par lettres étant sans doute Les Liaisons dangereuses. La recherche par les écrivains de formes originales offre une seconde jeunesse à cette forme d’écriture, cette approche fournissant l’occasion de présenter sous un angle intéressant les sentiments et humeurs des personnages tout en s’organisant autour d’une intrigue. S’inscrit dans cette recherche le sixième et dernier ouvrage de l’auteur lorrain Angela Boeres-Vettor. « A l’ère des SMS et mails, ces lettres -non datées- se veulent…intemporelles », souligne-t-elle en avant-propos.

La lettre comme expression du moi

Huit nouvelles composent le recueil Poste restante paru fin 2011, huit textes qui explorent les différentes fonctionnalités de la lettre. Aussi bien moyen de communication qui autorise le retour sur soi et la distanciation, que facteur d’échange de sentiments qui s’affinent et évoluent, ou que seule expression d’une solitude mal assumée et qui se leurre, comme dans le pathétique Quand l’amour tarde. Dans tous les cas, que le narrateur soit homme ou femme, des sentiments profonds se révèlent et la lettre devient l’outil d’une introspection dont l’auteur orchestre la mise en scène à son gré. Il ne s’agit pas tant ici d’explorer la relation à l’autre que de se pencher sur l’évolution individuelle des sentiments de chaque héros qui, en même temps qu’il écrit à quelqu’un, dévoile sa propre évolution, ses interrogations, ses revirements…et permet au lecteur, en se guidant sur les mots et les commentaires du scripteur, de se faire une idée sur le deuxième protagoniste.

Un nouveau genre littéraire ?

S’il existe un autre point commun entre les huit textes, c’est que ces échanges épistolaires tournent autour de l’écriture et de l’inspiration. Ce qui s’explique aisément, commente l’auteur lorrain :  « J’étais en résidence d’auteur, c’est-à-dire entourée de huit auteurs, et ce pendant trois semaines. Je pense que cela a influencé mon idée initiale. L’objectif était de démontrer les difficultés et doutes que tout écrivain rencontre au début de sa carrière. » Accoutumée à l’écriture de nouvelles, Angela Boeres-Vettor utilise les mêmes procédés pour faire monter l’intensité de l’histoire qui, malgré son déroulement sous forme de courriers, surprend le lecteur par la présence d’une chute. Procédé peu courant dans la littérature épistolaire et qui en renouvelle l’approche. A la question de savoir si elle ne s’est pas sentie enfermée dans ce genre épistolaire, l’auteur répond : « Oui, sans doute, car cela me limitait. J’ai craint également de lasser mes lecteurs, d’où l’insertion de courts récits, et parfois de poèmes. » Ce mélange de différents types de textes s’opère fréquemment de nos jours. Cependant si on peut y découvrir un refus d’obéir aux diktats de l’écriture traditionnelle, le lecteur a le droit d’être parfois désarçonné par cette rupture de la pensée.

Une autodidacte féconde

Angela Boeres-Vettor, née en Lorraine et membre de la Société des Auteurs d’Alsace-Lorraine, vit aujourd’hui au Luxembourg. Complètement autodidacte, rien de la prédestinait à devenir écrivain. C’est lors de circonstances douloureuses que l’écriture s’est imposée comme une urgence, dit-elle : « Ce chamboulement a provoqué un genre d’électrochoc dans ma tête. Cela peut paraître excessif, pourtant j’éprouvais un besoin impulsif et ne pouvais rien faire qui n’était pas… m’attabler pour écrire. » Son premier livre a concerné l’église toute en fer de Crusnes. « C’est la vue de cet édifice de mon enfance, tristement figé dans sa gangue de rouille, qui m’a incitée à écrire La Dame du fer, afin de tirer un signal d’alarme, afin surtout de sauvegarder ce symbole d’une incontestable valeur et ainsi préserver la mémoire d’un temps révolu. » Ayant suivi une formation de couturière, elle compare couture et écriture : « J’ai souvent rapproché ce travail de celui de la couturière : choisir un modèle, établir un patron, procéder à la coupe, puis à l’assemblage (en faisant attention aux raccords pour les tissus à carreaux), passer au premier essayage, puis aux retouches, deuxième essayage et de nouveau retouches, et ce jusqu’à l’ajustage final… » Toujours est-il que l’écriture, de prime abord envisagée comme une thérapie, lui a permis d’engranger de nombreux prix, d’être sélectionnée pour une résidence d’auteurs et retenue pour le projet théâtral Femmes violences. Et elle a encore plein de projets !