Interview écrite

17 mars 2016
Posté par
Guillaume

Rencontre avec Brigitte Bloch-Tabet, auteure de « Le Moule de l’ange »

Dans quelle région habitez-vous ?
J’habite à Paris, Île-de-France.

Présentez-nous votre ouvrage ?
Ce thriller met en présence des personnages en rupture de ban, issus d’horizons différents,  dans une France en crise, minée par le terrorisme. L’héroïne est une galeriste éprise de son peintre roumain fétiche, mère d’un fils homosexuel et d’une fille anorexique en couple avec un homme stérile. Grande manipulatrice, celle-ci mettra tout en œuvre pour devenir grand-mère et rassembler son entourage dans une ferme berrichonne transformée en kibboutz où une vingtaine de personnes d’âges, de sexes, de religions et de nationalités différentes vont cohabiter dans une communauté artistico-agricole et finir par s’entre-tuer, ce qui met à mal le « vivre ensemble » préconisé par notre gouvernement. La France parisienne, banlieusarde et régionale y est représentée avec les problèmes économiques, agricoles et sociaux particuliers de chaque secteur. Ce roman-chorale a pour ambition de décrire cette France multiculturelle d’aujourd’hui avec les nouvelles lois et normes professionnelles, l’influence de la technologie, les familles recomposées, les nouveaux couples, la procréation dans un couple homosexuel, l’avenir de ces  enfants d’homosexuels et de mamans solo, ainsi que les enjeux économiques et agricoles avec un ton acerbe et facétieux qui était déjà présent dans le précédent roman, Le Miroir de Sable chez NM7 paru en 2000.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
C’est après avoir lu «  Ensemble c’est tout » que j’ai désiré prendre le contre-pied de cet ouvrage en montrant que ensemble, c’est trop quand on manque de tolérance ou d’amour, et que même l’amour ne suffit pas toujours.  J’ai voulu être beaucoup plus cruelle, vu l’époque, qu’Anna Gavalda vis-à-vis de certains de mes personnages, avec un ton plus acerbe et comique. J’ai écrit ce livre à une époque où je désirais être grand-mère et où j’avais envie de représenter cette France divisée en trois parties que je connais bien et confronter les gens à ces régions qu’ils ne connaissent pas avec le choc des cultures que cela génère ainsi que la replacer dans une perspective mondiale avec des comparaisons et des échos provenant de Roumanie, d’Israël, de Côte d’ivoire, de Turquie, etc. Et je voulais montrer à quel point il est difficile de cohabiter avec des gens qui ne partagent pas les mêmes valeurs et les problèmes engendrés par les familles recomposées et atypiques dans lesquelles j’ai vécu. Je voulais également évoquer la filiation, la difficulté de la transmission des valeurs dans une société en perte de repères, la part de l’inné et de l’acquis dans la personnalité de chacun, les variations du corps dans l’anorexie et l’obésité, l’influence pernicieuse de discours pseudo philosophiques sur le comportement d’un groupe à la moralité douteuse.

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
A un lecteur déjà aguerri parce que la structure de l’ouvrage n’est pas évidente avec ses multiples inventions stylistiques, ses points de vue sur la même histoire, parce qu’il y a des scènes érotiques et grivoises, à un lecteur qui aime ma forme d’humour et mon cynisme. A  un lecteur qui connaît les différents métalangages et appréciera mes jeux de mots. A un lecteur qui ne craint pas de voir égratignée la société française actuelle sous tous ses aspects et qui aimera aussi avoir des nouvelles d’autres pays.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?
Méfions-nous de nos désirs, ils risqueraient de se réaliser à vos dépens. Autrement dit tout assouvissement, s’il est contre nature se paye le prix fort. Et aussi : on récolte ce que l’on sème (ou s’aime). Mais aussi le bienfait peut se transformer en méfait et le méfait en bienfait.

Où puisez-vous votre inspiration ?
Dans d’autres livres, dans ma vie personnelle, dans celle de mes proches, dans mon métier, dans les médias.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Peut-être un ouvrage sur la synchronicité. Des nouvelles. Mais surtout mettre au point mes anciens manuscrits : un recueil de nouvelles, un récit, un ouvrage sur la langue française, etc.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
N’ayez pas peur de vous lancer dans la lecture de ce thriller volumineux car vous allez entrer dans mon délire en vibrant, en riant, en  étant ému, émoustillé par les récits des différents protagonistes, et allez apprendre plein de petits détails croustillants sur cette France multiculturelle, pour enfin découvrir la raison de ce massacre final.