Interview écrite

1 mars 2016
Posté par
Guillaume

Rencontre avec Futrell Atwater Lee, auteure de « Cœur ensanglanté »

Dans quel pays habitez-vous ?
J’habite aux Etats Unis, dans la région de Washington DC.

Présentez-nous votre ouvrage ?
« Cœur ensanglanté 1 – Entendre et comprendre le cri des mots du silence » est un recueil de 31 poèmes dans lequel je décris et peints principalement la situation actuelle de l’Afrique Noire sur presque tous les plans. J’aborde aussi plusieurs sujets d’actualité. C’est pour dire que les thématiques sont très variées. Le ton sérieux alterne avec l’humour et la dérision. Certains poèmes sont rimés, d’autres sont en vers libres. Ils s’étalent sur une ou plusieurs pages. Mais les textes sont écrits dans un style très simple, qui n’a rien à voir avec le genre de poésie considérée parfois comme « hermétique », car il est difficile à déchiffrer le message. En revanche, le message de chacun de mes poèmes est accessible à tous les lecteurs.
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Voici une partie de la dédicace du livre : « À toutes les victimes d’intolérances, d’oppressions et d’injustices de toutes formes », qui peut déjà renseigner sur mes motivations. Cet ouvrage s’inscrit dans le cadre de la lutte contre les oppressions. Je l’ai écrit pour faire entendre la voix des opprimés, pour porter leurs espoirs déçus, pour clamer leurs doléances. Je veux aussi dénoncer tous les maux qui empêchent l’Afrique, sinon le monde, d’être un endroit meilleur, agréable et vivable pour tous. Par ailleurs je tiens à montrer aux laissés-pour-compte de nos sociétés que leur souffrance silencieuse n’est pas si muette. Une mine renfrognée, une démarche peu rassurante, une tenue négligée, une parole hésitante, un regard incertain ou perdu, une bouche sèche, des yeux ternes, une respiration bruyante ou une certaine attitude du corps peuvent être, selon les circonstances, autant des moyens par lesquels s’extériorise ou s’exprime silencieusement une souffrance qui serait enfouie au plus profond de l’être humain. On n’a donc pas forcément besoin des pleurs, des larmes, des gémissements ou des complaintes clairement formulées pour comprendre la douleur de quelqu’un. Je veux que les gens sachent que leur misère est entendue de par le monde car elle crie haut et fort non seulement dans des discours institutionnels des politiques, mais aussi et surtout dans des textes littéraires.
À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Mon ouvrage s’adresse à tous ceux qui sont indignés et/ou luttent contre les injustices et les inégalités sociales, à tous ceux qui souhaitent une vie meilleure pour tous et à tous ceux qui se sentent mal à l’aise face aux multiples changements dévastateurs que subissent nos sociétés. Ceux qui veulent aussi simplement se divertir trouvera leur compte parmi les 31 poèmes. A travers des titres comme « L’Exode Africain », « Vive l’Afrique libre et indépendante !? », « Questions au développement » ou « SOS Condition féminine », le public en apprendra davantage sur les vicissitudes des opprimés. Il y a aussi des textes qui se veulent être des conseils très spécifiques. C’est le cas de « Pour une presse libre et fiable », « La famille en détresse », « Un instant dans une vie » ou « L’Ossature de demain ». Dans « Lettre à un parent aveugle et sourd-muet », le lecteur vivra mon expérience de la place réservée aux esclaves dans l’histoire actuelle moderne des Etats-Unis.
Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?
D’abord, je veux tirer la sonnette d’alarme sur la montée de manière exponentielle de l’oppression en Afrique et dans le monde. Ensuite, je transmets un message d’espoir, un espoir qui doit habiter chacun de nous, même au plus noir de la nuit. Car la lumière ne disparait jamais complètement. Elle finit toujours par réapparaitre pour distiller sa chaleur et entretenir la vie.
Où puisez-vous votre inspiration ?
Je puise mon inspiration dans le quotidien, si insignifiant soit-il. D’ailleurs la réalité insignifiante n’existe pas. Tous les petits faits de la vie quotidienne concourent à faire les grands évènements. Donc je suis très attentive à ce que je regarde, j’écoute, j’entends ou j’observe. Le quotidien, incluant les êtres animés et inanimés, constitue ma principale inspiration. J’aime discuter avec toutes les catégories de personnes que je rencontre. A côté, le bruissement de l’eau, le chant d’un oiseau, les vagissements d’un bébé, les cris de joie des mariés ou des nouveaux parents, un sourire, un rire, un pleur, un bois mort, une nuit noire ou éclairée, un ciel nuageux ou étoilée, une journée pluvieuse ou ensoleillée, un arbre qui danse ou le silence du silence sont autant des réalités qui m’inspirent. J’écoute beaucoup de chants, même dans des langues que je ne comprends pas car la musicalité d’une langue peut toujours inspirer quelque chose. Parmi mes passions figurent aussi la lecture, les films, les émissions radiodiffusées ou télévisées et le tourisme.
Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Déjà ce premier recueil de poèmes est un premier volume puisqu’il s’intitule « Cœur ensanglanté 1 ». Ce qui signifie qu’il y aura forcément un deuxième volume. Je peux même affirmer que la rédaction de ce dernier est terminée depuis des mois. En tout cas j’ai plusieurs projets de recueil de poèmes, de romans et de pièces de théâtre, qui sont soit finis soit en cours de rédaction.
Un dernier mot pour les lecteurs ?
J’invite tous les lecteurs à découvrir ce recueil de poèmes pour entendre le silence des mots des opprimés ou simplement pour se divertir. Il leur offrira des moments de détente et d’apprentissage inoubliables. Ce qui est certain, c’est que parfois ils vont sourire ou rire avec « Le Fleuve Congo », « Le jeune cultivateur » ou « Si je pouvais être invisible un jour » ; s’énerver, s’attrister avec « Cris de détresse d’un enfant défavorisée », « Le retour du non-retour », « Les lamentations de Rhuglaine » ou « L’Exil » ; et peut-être, pleurer avec « Legs empoisonné », et tous les autres poèmes qui traitent de la mort. Peut-être qu’à la fin, quelque chose va changer en eux. Ils pourront porter un autre regard, un regard différent, voire nouveau, sur le monde.