Interview écrite

4 février 2016
Posté par
Guillaume

Rencontre avec André-Marie EGUE auteur de «Un projet de société pour l’Afrique»

Dans quel pays habitez-vous?
Abidjan, Côte d’Ivoire

Présentez-nous votre ouvrage
L’ouvrage est un essai sociopolitique qui décrit en trois grands points un modèle politique susceptible d’être adopté par l’Afrique tout entière, ces points sont :

1) La mise en œuvre d’une démocratie consensuelle. Quand on sait combien les systèmes de désignation de nos gouvernants sont tant décriés en Afrique, parce qu’ils conduisent à des contestations systématiques et au plus fort à des guerres civiles, il y a lieu de revoir notre modèle de démocratie en s’inspirant de la culture traditionnelle. C’est le premier défi de l’ouvrage.

2) Nous devons ensuite concevoir un modèle de création de richesse qui se rapproche plus de nos réalités africaines, c’est le socialisme naturel avec ses entreprises familiales qui est proposé.

3) Enfin que peut vraiment l’Afrique sans l’intégration, alors l’ouvrage propose un système d’intégration hiérarchisée des structures sociales africaines pour arriver au panafricanisme constitutionnel au sommet.
Nous pensons que le développement économique doit reposer sur un épanouissement culturel. L’ouvrage présente donc une voie pour « la tropicalisation » du développement. Avec ces éléments à l’esprit, vous le comprendrez aisément.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
La caractéristique fondamentale de l’Afrique aujourd’hui est qu’elle est à la croisée des chemins. L’Afrique se cherche et ne se retrouve pas encore. Sur quelles bases doit-elle enclencher un véritable développement et un épanouissement de ses populations. ?
Doit-elle reconduire le modèle stéréotypé de développement introduit par la colonisation ?
L’extraversion du continent le tourne vers les fonds extérieurs et les marchés extérieurs. Les infrastructures sont insuffisantes et ils sont conçus sur des modèles importés. La culture, véritable fondement de la stratégie de développement est reléguée à sa plus simple expression.
Le diagnostic ainsi fait que faut il donc pour impulser une Afrique nouvelle ?
C’est ce qui justifie notre ouvrage qui campe un programme de « tropicalisation » du développement.
Partir de ce que nous sommes pour aboutir à ce que nous devons être

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Notre ouvrage s’adresse principalement aux hommes politiques, ceux qui font la politique dans les partis, dans les parlements, dans les gouvernements et ceux qui s’intéressent aux débats politiques. Sont intéressés également, les chercheurs, les enseignants du supérieur et du secondaire, les étudiants, les différentes presses et enfin l’africain lambda qui sait lire et qui peut être attiré par le modèle d’une Afrique nouvelle.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?
Le message est simple, nous pouvons et nous devons inventer des modèles de sociétés qui reposent sur nos us et coutumes. Il n’est pas normal que l’Afrique continue toujours à recopier les valeurs des autres peuples sans en référer suffisamment au siennes
Cette mission incombe à nos intellectuels, nos élites qui doivent adapter le développement à l’épanouissement de notre culture
Il faut inventer des modèles typiquement africains, même s’ils sont utopiques, nous devons avoir le choix entre une multitude de sociétés à l’âme africaine
Voilà le message que véhicule cet ouvrage qui me permet de mettre la main à la patte

Où puisez-vous votre inspiration ?
C’est le quotidien de nos cités et de nos campagnes qui nous inspire. Il s’agit d’observer pour voir l’inadéquation du développement et le mal être des populations.
L’élément caractéristique du mal être est une prolifération exagérée de l’insalubrité dans nos villes africaines, les enfants dans la rue, l’habitat précaire développé et le chômage partout qui génère une activité commerciale informelle ou la majorité des populations vivent au bonheur la chance dans un système social où ils sont isolés, esseulés et où règne le chacun pour soi et la loi du plus fort
C’est la conséquence de l’inadéquation du système de développement entrepris par nos gouvernants.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
J’ai abordé déjà dans un autre essai que votre maison d’édition m’a fait l’honneur d’éditer également et que j’ai intitulé « le Droit spirituel traditionnel Africain », ma vision de la spiritualité africaine dans un contexte de relations contractuelles.

Cette approche est elle possible et qu’elles en sont les répercussions ?
Un autre essai est en cours d’édition et qui développe lui, en profondeur la théorie du « Socialisme démocratique naturel » pour parvenir à un développement autocentré

Voyez vous, tant que c’est possible et que le temps me le permet, je prends mon stylo pour consigner mon inspiration et mes idées en vue de les partager

Un dernier mot pour les lecteurs ?
Chers lecteurs qui me feront l’amabilité de me lire, j’ai envie de dire qu’il n’y a rien de plus frustrant que l’aliénation culturelle, mais qui doit impulser le mouvement nouveau de développement culturel sinon nos intellectuels ? Mettons nous donc à créer des sociétés à l’âme africaine et nous finirons par nous faire plaisir un jour. C’est tout ce que je vous souhaite en parcourant mon œuvre, et qu’elle vous détermine à l’action.