Interview écrite

Rencontre avec Michel Wilde, auteur de « Tu honoreras ton père, mon semblable au cœur de pierre »
3 avril 2015
Posté par
Flora

Rencontre avec Michel Wilde, auteur de « Tu honoreras ton père, mon semblable au cœur de pierre »

Michel_Wilde_EdilivrePrésentez-nous votre ouvrage ?
Il s’agit du récit riche en émotions d’un demi-siècle de mon existence à travers le regard et les émotions axés sur mon vécu, en particulier les relations difficiles avec mon géniteur, lequel souffrait de schizophrénie. Le tout sans porter le moindre jugement, simplement en racontant les faits entre le rire et les larmes, la peur et la joie, le bonheur et les épreuves difficiles, la poésie et le réel, l’amour et le sexe, la vie et la mort.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Ce livre était en moi, il s’est construit sans que j’y prenne garde. Cependant l’écriture a toujours été présente dans mon existence, et ce depuis mon plus jeune âge, comme je l’évoque dans l’ouvrage en question. Mais là, ce récit s’est imposé comme une évidence. Je ne pouvais plus garder tout cela pour moi. Je ne pouvais laisser s’effacer ces rencontres, ces situations, ces aventures, ces événements qui m’ont marqués au fer rouge, et qui m’ont également permis de ma conjuguer au présent. Il y a tout ce passé derrière, je ne veux pas l’occulter. Quant à la rédaction de l’ouvrage, elle s’est faite de façon automatique, la chronologie s’imposait d’elle-même, les dialogues coulaient de source, je n’avais qu’à ouvrir les tiroirs de ma mémoire, fouiller à l’intérieur et certains étaient bien remplis…

Vous êtes vous basé sur votre relation avec votre père pour écrire ce livre ?
Effectivement, et le titre est évocateur du contenu. Ce père que j’ai tant craint et redouté, car il pouvait malgré lui se montrer très violent. Cette violence n’était pas seulement physique, l’emprise mentale était étouffante, insupportable. Ce père que j’aurais tant voulu aimer, qui voulait tant que je l’honore, que j’ai fini par fuir et qui m’a si bien rattrapé. Je rends malgré tout les honneurs au poète authentique qu’il était.

À quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Cet ouvrage s’adresse plutot à des lecteurs adultes, car certains passages sont assez crus, il me semble, sans toutefois sombrer dans la pornographie. Mais le ton du récit murit avec l’antihéros principal – votre serviteur . Ce qui est décrit à l’enfance ne sera pas décrit de la même manière l’adolescence ou à l’âge adulte.

Avez-vous eu peur de reproduire les mêmes schémas que votre père avec vos enfants ?
Le risque était réel en effet. Fort heureusement, je ne suis pas tombé dans ce piège lamentable. Au contraire, je me suis efforcé de donner à mes enfants le père que je n’ai pas eu la chance d’avoir, même si ce ne fut pas facile, car l’éducation est exigeante, doit être constante, demande beaucoup de patience et d’amour. Sans doute y suis-je parvenu. Aujourd’hui ces enfants sont adultes, ils s’épanouissent chacun dans une branche artistique : les arts graphiques pour l’aîné – lequel a réalisé la couverture de l’ouvrage – et la musique jazz pour le cadet. Chacun est maître de son destin, pour notre plus grande fierté, mon épouse et moi-même !

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers ce livre ?
Que l’on peut se construire malgré une enfance difficile. Certes, j’ai toujours eu des moments de répit notamment grâce à mes grands-mères lorsque j’étais petit; elles m’ont souvent aidé à échapper à l’emprise d’une autorité insupportable, jusqu’à la décision salutaire de ma douce mère laquelle, ne supportant plus le joug de son époux, finit par le quitter. Lui, me retrouvera plus tard… Pour me défendre, j’ai fini par devenir insensible, par avoir un cœur de pierre.

Ce livre est-il comme une forme de thérapie ?
Probablement, dans la mesure où il s’est écrit sans effort. Tout en avançant dans le récit, je revivais tous ces moments marquants de mon existence, je vibrais de tout mon être, riant de bon cœur, tremblant de frousse, ou chialant sur mon clavier d’ordinateur. La conclusion fut comme une extase libératrice, je me suis senti en état de grâce.

Où puisez-vous votre inspiration ?
Mes lectures m’ont sans aucun doute aidé à écrire. Amateur de Georges Simenon, Vladimir Nabokov, Roger Peyrefitte, Marcel Pagnol, mais aussi Philippe bouvard dont je possède presque tous les livres en édition de poche, Pierre Perret dont l’écriture est truculente, sans oublier Albertine Sarrazin… Des styles très différents, des auteurs variés, cette nourriture littéraire m’a beaucoup aidé à écrire, à me forger un style. Quant à l’inspiration proprement dite, concernant ce récit je n’avais qu’à fouiller dans ma mémoire. Pour les chansons et poèmes qu’il m’arrive de commettre, les mots me viennent par hasard, parfois en travaillant, parfois en dormant. Combien de réveils ai-je connu avec une ritournelle dans la tête ! Ensuite, il faut avoir le réflexe de saisir au vol cette fugace inspiration avant qu’elle ne se dérobe à tout jamais. Et puis il y a le modèle de mon père auteur compositeur qui a indubitablement déteint sur moi, et seulement ce modèle.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Un nouvel écrit est en cours, il concerne l’histoire de mes ancêtres du côté de ma mère, lesquels étaient des républicains espagnols arrivés en France dans les années vingt. Je n’en dirai pas davantage pour l’instant, mais cette famille est si riche en faits rocambolesques et en personnages aventuriers que j’ai décidé d’en faire un livre !

Un dernier mot pour les lecteurs ?
Chers lecteurs, je vous souhaite de prendre autant de plaisir à lire cette histoire qui est la mienne, que j’ai eu de plaisir à la coucher sur le papier. Ce n’est pas l’histoire d’un illuminé revanchard, mais bien l’authentique destinée d’un fils de poète . Un poète de génie qui ne pouvait hélas maîtriser ses pulsions. Bonne lecture et à bientôt de lire vos commentaires !