Interview écrite

Rencontre avec Sylvie Salzmann, auteur de « La Malle à ma tante »
19 novembre 2014
Posté par
Flora

Rencontre avec Sylvie Salzmann, auteur de « La Malle à ma tante »

Sylvie_Salzmann_EdilivrePrésentez-nous votre ouvrage en quelques mots ?
 » La Malle à ma tante  » est un petit espace hétéroclite où des mots un peu farfelus se sont donné rendez-vous. Tour à tour amusants, mélancoliques, nostalgiques, poétiques, évocateurs, délirants… ils sont tous imaginés après une rencontre avec un son, un souvenir, une image, un lieu ou une personne.

En parlant de mots, d’où vient votre amour pour eux ?
Les mots sont des ambassadeurs. Il faut les recevoir avec respect, quoi qu’ils nous apportent, et je crois que je suis née avec ce respect et cette admiration des mots, avec un amour profond aussi qu’ils me rendent bien parce qu’ils viennent à moi avec une certaine facilité. Je les aime et je sens qu’ils m’aiment car ils me donnent toutes les émotions qui me font vibrer. Je ne me souviens pas d’un temps où ils ne m’ont pas fascinée. Oui, les mots et moi, c’est une histoire d’amour. Les mots volent d’une bouche à une oreille, et d’une ligne à nos yeux. Quel que soit le chemin qu’ils parcourent, ils symbolisent toujours la communication de deux pensées. Celle de celui qui dit et celle de celui qui écoute. Celle de celui qui écrit et celle de celui qui lit.

A quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
Aux amoureux des mots, bien sûr. Et puis aux curieux, à tous ceux qui ne se prennent pas trop au sérieux. Aux enfants, qui plus que tout autre, n’ont peur ni de pleurer à chaudes larmes ni de rire aux éclats, qui s’amusent des gros mots et des sons qu’ils font quand ils les prononcent encore et encore. Et puis à ceux qui, bien qu’adultes, ont gardé dans le cœur l’enfant qu’ils ont été et enfin à tous ceux qui ont envie de partager mes émotions parce qu’ils ont du respect pour les leurs.

Vos définitions sont drôles et insolites, comment vous est venue cette idée ?
J’ai grandi dans une dimension polyglotte où, quand on est petit, on ne s’intéresse pas au fait qu’un mot appartienne à une langue plutôt qu’à une autre. Entre patois, argot et yiddish, quand on a l’oreille musicale, qu’on sèche volontiers l’école primaire pour rester avec des grands-parents qui entre deux histoires des tranchées de la guerre de 14-18 et trois anecdotes brûlantes de Paris sous l’occupation, racontent des histoires totalement loufoques et vous offrent des livres, forcément, toutes ces images se mêlent dans une fiction faite de la réalité des autres. On développe son imagination à la puissance infinie et quand, comme moi, on s’ennuie à mourir à l’école, on invente des histoires pour passer le temps. Et puis un jour, après le énième « mais où tu vas chercher ça », on se dit qu’on va les écrire, toutes ces choses, juste pour se faire plaisir. Et puis il arrive qu’on s’aperçoive que ce qui nous fait plaisir, fait aussi plaisir à d’autres, des gens qui viennent de la même « planète » sans doute, ou qui aiment faire un tour sur la vôtre.

Où puisez-vous votre inspiration ?
Partout et à chaque instant. Au-delà du fait que l’intérieur de ma tête est étonnamment semblable à l’imaginaire d’Amélie Poulain (quand j’ai vu le film, j’ai eu envie de crier en plein séance « regardez, c’est comme ça dans ma tête ! »), je suis d’un naturel « poreux ». Ce qui n’est pas toujours une bonne chose. Mon inspiration, ce sont les gens que j’observe silencieusement dans la rue, dans une salle d’attente, dans un aéroport, au supermarché ; ceux avec qui je parle et dont je ressens la bonté, la méchanceté, la cruauté ou la générosité. Le genre humain est une source inépuisable qui nourrit bien des domaines de l’art. Et puis il y a les discours de mes enfants qui, comme beaucoup de bilingues, adorent jouer avec les mots et les sons, sauter d’une langue à l’autre et faire l’expérience de leur mélange. Mes mots viennent aussi de mes émotions personnelles, mes souvenirs, mes espoirs déçus ou pas, mes rêves et mes cauchemars. La vie, quoi !

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
J’ai beaucoup de choses déjà écrites que j’espère publier parce qu’elles me font rire et pleurer et à une époque où il est souvent mal d’avoir mal ou culpabilisant de se sentir bien, je choisis de célébrer les émotions. J’écris constamment et souvent plusieurs projets en même temps comme en ce moment, j’écris des poésies, un livre sur le silence, l’histoire de ma famille et un roman où se mêlent l’amour, la magie, la poésie, le rêve et l’histoire qui sont des ingrédients dont j’apprécie la saveur.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
Je les invite à plonger la main dans la Malle à ma tante et à en extraire un mot au hasard, à moins qu’ils ne préfèrent y plonger la tête la première, pour s’y perdre un peu, le temps de se retrouver. Après quoi, ils peuvent me rejoindre sur la page Facebook de la Malle et exprimer librement ce qu’ils ressentent à la lecture de ces définitions, parler des mots qu’ils aiment et qu’ils détestent, inventer eux aussi des mots ou évoquer ceux qui les faisaient rêver ou qu’ils estropiaient quand ils étaient petits.