Interview écrite

Rencontre avec Sylvie Saglier, auteure de « La révolution des oedipes »
12 septembre 2014
Posté par
Flora

Rencontre avec Sylvie Saglier, auteure de « La révolution des oedipes »

Sylvie_Saglier_EdilivreD’où vous vient votre goût pour l’écriture ?
Je pense que ce goût est lié à celui de la musique des mots, au plaisir de les assembler… pour raconter des histoires. Car si l’on veut garder les pieds sur terre, quand on est trop rêveur, il faut laisser notre imagination se canaliser par la créativité. Comme une soupape joyeuse.

Présentez-nous votre ouvrage en quelques mots ?
La Révolution des œdipes est articulé autour du destin de plusieurs personnages. Leurs parcours s’entrelacent, au long de leur vie et nous content ce monde du futur, qui ressemble fort au nôtre. Le personnage central, Filipin, nous interpelle sur un sujet parfois maltraité, voire oublié: l’importance de la filiation, des racines, dans une vie d’homme.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Le mythe d’ Œdipe me fascinait. J’étais horrifiée du traitement infligé par les hommes – et non par les dieux – à cet innocent, contraint de payer le prix fort pour des fautes qu’il n’avait pas commises. Enfant, j’imaginais la douleur des enfants adoptés qui se questionnaient sans réponse sur leurs origines. Mes grands-mères, elles, me parlaient de leur enfance, de leurs parents et de leurs grands-parents. J’adorais imaginer ce lien qui m’unissait, à travers elles, à la lignée de mes ancêtres… cela me donnait le vertige. Je trouvais injuste que ces enfants puissent être privés de ce qui pour moi paraissait primordial: les racines.

Quel message avez-vous souhaité transmettre à travers votre ouvrage ?
Je souhaite provoquer une réflexion plus approfondie concernant la procréation assistée avec gamètes de donneurs anonymes. Beaucoup de choses ont été dites sur ce sujet, récemment mis en lumière par l’actualité lors des débats autour du mariage pour tous, mais une grande confusion règne et l’essentiel est peut être oublié. Peu de considération me semble être portée à ces humains sans racines que l’on « fabrique » avec les meilleurs sentiments. Qui sommes nous pour décider à leur place que l’anonymat de leurs géniteurs est un sujet secondaire ?

Quelles sont les principales qualités de votre livre ?
J’ai tenté de proposer au lecteur une vision « de l’intérieur ». J’ai souhaité l’entraîner dans un avenir – qui n’est qu’une hypothèse – dans lequel il se sente bien, en confiance… et, de là, lui permettre de s’essayer à une nouvelle façon d’appréhender ce sujet de la filiation. Je lui offre divers points de vues par le truchement de mes personnages.

Vos auteurs de référence ?
Je suis une lectrice « éclectique », mais j’ai mes petits chouchous : Jean Cocteau, Marcel Aymé, Molière, Julio Cortázar, Patricia Highsmith, John Irving et Marcel Pagnol. Émile Zola, Victor Hugo, Guy de Maupassant… et bien d’autres, mériteraient plus d’attention de ma part… 
J’ai aussi été bluffée par le talent de Bernard Giraudeau.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?

Je suis en train d’écrire une pièce de théâtre, la sixième, et j’attends que se précisent les idées pour un prochain roman. Dans l’intervalle, je prends toujours beaucoup de plaisir à écrire des nouvelles, un genre que j’affectionne et que je souhaite approfondir.


Un dernier mot pour les lecteurs ?
Je leur souhaite autant de plaisir à la lecture de ce roman que j’en ai pris à l’écrire… et j’espère qu’ils auront envie de prendre le temps de se poser cette question, qui est peut-être essentielle aux êtres humains que nous sommes : a-t-on le droit de priver délibérément un petit être qui débute dans la vie de la connaissance de ses racines ?