Interview écrite

Rencontre avec Bill Mokelwa, auteur de « L’Afrique noire »
13 août 2014
Posté par
Flora

Rencontre avec Bill Mokelwa, auteur de « L’Afrique noire »

Bill_Mokelwa_EdilivrePrésentez-nous votre ouvrage en quelques mots ?
L’AFRIQUE NOIRE Victime de ses propres croyances pose les vrais problèmes de l’Afrique et propose des solutions concrètes pour faire avancer ce continent riche mais pauvre. Mon livre traite d’un certain nombre des problèmes de l’Afrique qu’il est difficile d’énumérer ici en raison de leur nombre non négligeable. Malgré son titre, le livre traite également et propose des solutions aux problèmes qui intéressent notre monde tels que l’éternel conflit israélo-palestinien, le prosélytisme religieux, le terrorisme, l’interruption volontaire de grossesse, la réforme de l’ONU, le nucléaire, l’immigration légale et illégale, etc. Il traite, enfin, des questions qui intéressent aussi bien l’Afrique que le reste du monde telles que la civilisation, la mondialisation, l’esclavage, la colonisation et le néocolonialisme. Voici ce que je peux brièvement dire. Je laisse les lecteurs explorer le contenu de ce livre pour y découvrir aussi bien ces questions que beaucoup d’autres dont je ne peux pas parler en quelques mots.

Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Parce que mon pays, la République Démocratique du Congo, scandale géologique pour reprendre l’expression du scientifique belge Jules Cornet mais aussi scandale hydrographique et forestier est pourtant pauvre à l’instar d’une très grande partie du continent Africain. Et le comble, à mon avis, et c’est l’idée véhiculée dans mon ouvrage, ce que les congolais comme la quasi-totalité des africains croient que c’est l’occident qui est responsable des déconvenues de l’Afrique. Les Africains sont eux-mêmes les premiers responsables de la situation de l’Afrique y compris pour les problèmes passés de l’esclavage et de la colonisation. Voilà pourquoi j’ai écrit ce livre. D’une part, pour le démontrer, et d’autre part, pour aider les Africains à voir les choses autrement. Ce ne sont pas les pleurs et les jérémiades des africains qui feront avancer leur continent. Mais étant un citoyen du monde, mon livre traite également, comme je l’ai dit ci-haut, d’autres questions intéressant le monde en général et au sujet auxquels je ne peux pas rester indifférent et vivre en paix.

A quel lecteur s’adresse votre ouvrage ?
A tout lecteur pour qui les problèmes du Congo, de l’Afrique et du Monde ne sont pas indifférents. Si cette réponse ne suffit pas, je dirais tout simplement qu’en dehors des Africains, les peuples de toutes les races et de toutes les couleurs y trouveront des questions qui les intéressent quelle que soit la partie du globe où ils se trouvent.

Quelles sont les principales qualités de votre livre ?
C’est difficile de répondre à cette question parce qu’autrement la question veut m’amener à jeter des fleurs sur mon propre ouvrage. Je laisse la question aux lecteurs qui le liront afin qu’ils puissent en juger eux-mêmes. Je n’ai d’ailleurs pas arrêté de me demander si je serais compris surtout par mes frères africains au moment où je travaillais sur ce livre car celui-ci tranche avec la plupart des livres d’autres africains pour qui l’occident est responsable des misères de l’Afrique.

Quel message avez-vous voulu transmettre à travers votre ouvrage ?
Nous sommes les premiers responsables de ce que nous sommes. Voilà le principal message que j’ai voulu transmettre dans mon ouvrage. Ce message s’adresse particulièrement aux Africains. En clair, pour moi, ce n’est ni l’esclavage, ni la colonisation, ni le néocolonialisme encore moins le capitalisme ou la mondialisation qui sont les principales causes de la situation actuelle de l’Afrique. Je n’ai pas compris d’ailleurs pourquoi les africains se sont acharnés à vilipender le discours de Dakar prononcé par Nicolas Sarkozy et contenant beaucoup de vérité sur l’Afrique alors que les mêmes Africains sont moins bavards voire muets face aux drames de l’immigration clandestine à Lampedusa pour ne parler que de ce problème. A l’occident, je dis également, certes, c’est aux africains de résoudre en premier leurs problèmes mais voulez-vous endiguer l’immigration clandestine et dans une certaine mesure lutter contre le terrorisme ? Eh bien, vous devez travailler main dans la main avec les africains notamment pour contrôler le trafic d’armes et lutter contre la pauvreté en Afrique.

Où puisez-vous votre inspiration ?
Un jour je me trouvais dans une salle de lecture où il y avait une forte diversité ethnique comme c’est toujours le cas en République Démocratique du Congo chaque fois que l’on trouve plusieurs dizaines de personnes réunies peu importe l’endroit. Il y avait ce qu’on appelle au Congo les banyamulenges. Il s’agit des congolais tutsis dont une grande partie de leurs compatriotes ne partage pas leur « congolité ». Un malentendu avait amené un membre de cette communauté à se quereller avec un autre congolais se trouvant dans la salle. Soudain, deux camps s’étaient spontanément formés. L’un composé des banyamulenges et l’autre de plusieurs autres ethnies se trouvant dans la salle. Il s’en était fallu d’un cheveu une catastrophe se serait produit ce jour là (c’était entre 1999 et 2000). Ensuite j’ai réalisé que des petits problèmes de cet acabit étaient la base de plusieurs conflits en Afrique. Ce jour même, j’ai écrit sur des bouts de papiers tout ce qui s’était passé dans la salle et mon opinion là-dessus. C’est depuis lors que j’ai su que j’écrirai plusieurs livres sur les problèmes du continent lesquels pour moi sont dus aux africains eux-mêmes.

Quels sont vos projets d’écriture pour l’avenir ?
Depuis que j’ai envoyé le manuscrit de L’Afrique noire à Edilivre j’ai aussitôt commencé à travailler sur un autre ouvrage qui sera une suite logique du chapitre IX de L’Afrique noire consacré à la démocratie. L’ouvrage sera titré : « Les Africains ont-ils compris l’Esprit des lois? ». Le but c’est de montrer le danger qu’il y a à modifier nos lois et surtout à changer fréquemment nos constitutions pour assouvir non pas l’intérêt général mais souvent l’intérêt d’un ou de quelques individus. On ne devrait pas modifier les lois n’importe comment et n’importe quand et ce même si les lois elles-mêmes trop souvent n’interdisent pas leur modification. C’est dans l’intérêt même des africains et de personne d’autre que ces derniers doivent apprendre à respecter leurs lois et à ne pas banaliser les constitutions de leurs pays respectifs.

J’écrirai ensuite un autre essai cette fois-ci juridique dont le titre provisoire est pour le moment De l’application du Statut de Rome de la Cour pénale internationale par le juge congolais. Je pense aussi écrire un livre sur le rôle d’une presse libre, professionnelle et indépendante dans la construction de l’Etat de droit en RDC où je vais promouvoir le journalisme d’investigation. Je dispose actuellement d’un manuscrit achevé. Il s’agit d’un roman autobiographique de deux tomes intitulé Quand un homme pleure dont je ne compte pas cependant envoyer à l’éditeur avant de l’avoir retravaillé. Mais mon avenir littéraire est plein de projets. Pour le moment je laisse le temps au temps car trop souvent j’aime parler de ce que j’ai déjà fait et non de ce que je dois faire.

Un dernier mot pour les lecteurs ?
C’est la première fois que les lecteurs vont me découvrir. Je voudrai qu’ils sachent que c’est difficile de résumer l’Afrique noire victime de ses propres croyances en quelques mots. En lisant mon livre ils découvriront beaucoup d’autres choses dont je ne parle pas ici et qui sont nécessaires pour la marche du monde et non seulement de l’Afrique.