Interview écrite

25 octobre 2013
Posté par
Flora

Rencontre avec Louis Walky, auteur de  » Quelle est la contribution de l’agriculture dans le développement économique local en Haïti ? « 

Louis_Walky_EdilivrePouvez-vous introduire, en quelques mots, votre ouvrage ?
L’ouvrage comprend deux grandes parties : l’une se consacre à la présentation générale de l’agriculture en Haïti qui est divisée en plusieurs sections comme l’historicité, les faiblesses, le dysfonctionnement et les forces du secteur agricole ; l’autre se consacre au Développement économique local – la Contribution de l’agriculture dans le Développement économique Local.

Y-a-t-il un message que vous souhaitez transmettre à travers ce livre ?
Face à ce labyrinthe où nous nous trouvons aujourd’hui sur le plan agricole, où le pays est importateur net (tributairement dépendant des autres pays), la balance commerciale est déficitaire. Depuis le début des années 1980, la production nationale était protégée par des barrières douanières particulièrement élevées sur certains produits stratégiques. A l’époque l’Etat Haïtien subventionnait également quelques produits de première nécessité, ce qui permettait de les proposer à la vente à un moindre coût et donc aux personnes pauvres d’y accéder plus facilement. Ainsi, la production nationale parvenait à satisfaire la demande interne pour plusieurs produits agricoles, particulièrement ceux les plus couramment consommés, et le prix des matières courantes ou stratégiques était en partie contrôlable. A partir des années 1986-1987, dans le cadre d’un plan d’ajustement structurel, les autorités haïtiennes ont abaissé les barrières douanières, de sorte que le marché national a très vite été envahi par des produits étrangers hautement subventionnés, notamment en provenance des États-Unis. C’est la raison qui me motive à écrire cet ouvrage dans le souci de réveiller les esprits qui dorment. Si nous sommes des humains, il nous faudra réfléchir comme des humains. Il nous faut penser à notre devenir. Le changement, c’est maintenant. C’est l’heure d’agir. Agir pour changer la situation alimentaire des haïtiens en difficulté. C’est l’heure de fixer effectivement un plan et de respecter les échéances. Sinon, demain est incertain.

Ecrivez-vous depuis longtemps ?
Tout a débuté quand j’étais en classe seconde-philo. Passionné de la littérature et de la philosophie. Entre 16 et 18 ans, j’ai essayé d’écrire sur ma vie, sur des choses qui me perturbent, me bouleversent, m’interpellent, m’égaient ou me divertissent. Mais, après la terminale, tout allait basculer et j’ai dû abandonner cela pour me consacrer à l’intégration de l’université en Haïti. Dès mon arrivée en France (Poitiers), la Presse Service m’a octroyé un contrat de durée indéterminée pour écrire des articles. C’est alors que je suis de retour dans le monde de l’écriture. C’est dans le souci de continuer ma passion à écrire que j’ai écrit cet ouvrage : « Quelle est la contribution de l’agriculture dans le développement économique local en Haïti ?« . Après un long travail de recherche sur l’Aménagement territorial et le Développement économique local (Etude de Scot : étude de schéma de cohérence territoriale ; Etude de PLU : étude de plan d’aménagement d’urbanisation ; Etude des structures agricoles : France-Espagne) effectué au laboratoire de CRIEF-CNRS de France où j’ai eu l’opportunité de travailler en mobilité avec des Centres de recherches à Berlin, à Madrid avec la Universidad de Salamanca et School of Management de Barcelone, cela m’a vivement touché sur la situation critique d’Haïti non seulement du point de vue de sa cohérence territoriale mais encore sa situation agricole. J’ai constaté que mon pays fait face à un état critique d’aménagement territorial et d’un retard considérable sur le plan agricole-d’une inadéquation flagrante. C’est ce qui m’a poussé à bout et le désir d’écrire m’est venu.

Combien de temps vous a-t-il fallu pour terminer votre livre ?
J’ai consacré environ une année à l’écriture de cet ouvrage.

En tant qu’auteur, quelles retombées souhaiteriez-vous avoir suite à la publication de votre livre ?
Les premières retombées que je souhaiterais sont  auprès des jeunes d’Haïti, Avec le bout du doigt, vous avez encore la chance de changer le destin de votre pays et le monde est devant vous. C’est un privilège de mettre votre talent et votre savoir-faire au service de votre environnement et de participer au développement économique de votre localité. Evidemment, il faudrait pouvoir le faire quand on dispose encore de toutes vos forces. Ce sont les jeunes de ce pays qui doivent se mettre résolument au travail, parce qu’ils constituent « le fer de lance d’Haïti ». Les vieux par contre ont perdu une bonne partie de leur force vitale et il ne leur reste plus qu’à exprimer de leurs déboires face à la vulnérabilité de ce pays. « Si les jeunes avaient déjà de l’expérience, si les vieux avaient encore de la force, ce serait un pays idéal« . Les jeunes sont l’avenir d’Haïti. C’est le noyau dur de la société haïtienne. Il n’y a pas de patrie, pas de citoyenneté et pas de futur pour Haïti sans sa jeunesse. Quel doit être alors son comportement pour qu’elle puisse répondre effectivement à l‘idée que l’on se fait généralement d’une jeunesse avisée. Il faut se soucier de savoir comment est la jeunesse haïtienne face aux menaces d’acculturation qu’on observe aujourd’hui. Il nous faut avoir une jeunesse qui sache reconnaitre les valeurs nationales, qui ne rejette pas sa culture, une jeunesse éduquée à la citoyenneté. Il nous faut une école haïtienne pouvant jouer son plein rôle aujourd’hui, sciemment ou involontairement, par l’enseignement ou par le curriculum dans la formation des jeunes haïtiens. J’envisage une plus grande prise pédagogique et didactique sur cet apprentissage via l’enseignement et l’éducation pour une jeunesse éclairée et avisée capable d’assurer le lendemain meilleur de ce pays.

Quels sont vos projets d’écriture ?
Je travaille actuellement sur la suite de l’ouvrage « Quelle est la contribution de l’agriculture dans le développement économique local en Haïti ? » Quand j’ai fini d’écrire ce livre, je me suis rendu compte que j’avais encore beaucoup de choses à faire vivre et à expliquer, alors j’ai laissé une porte ouverte. J’espère donc pouvoir proposer la suite dans les jours à venir.

Un dernier mot pour vos lecteurs ?
Je leur souhaite une agréable lecture de l’ouvrage et les remercie pour l’attention qu’ils portent. Je profite l’occasion pour dire qu’un écrivain est d’abord un lecteur. Il y a un dicton français qui stipule « Que d’autres se flattent des livres qu’ils ont écrits, moi, je suis fier de ceux que j’ai lus« . Je tiens à faire la redondance qu’un écrivain est d’abord un lecteur et que rien ne révèle sa générosité comme sa capacité à faire découvrir d’autres livres à travers le sien. En lisant ce nouvel ouvrage, le lecteur va découvrir combien ce secteur agricole est fondamental dans la vie de tous les jours d’une population comme la notre. Il va voir la souveraineté d’un peuple est sa capacité de se nourrir. J’invite les différents lecteurs à lire cet ouvrage afin de pouvoir réfléchir sur notre sort d’aujourd’hui afin que notre demain soit meilleur. Aussi, c’est un don à tout un chacun d’avoir été vivant. C’est notre mission de changer notre quotidien et notre demain. C’est à nous de transformer Haïti et personne d’autres. Notre destin est entre nos mains. Ne demande jamais aux autres de l’assumer pour vous.