Interview écrite

22 octobre 2013
Posté par
Flora

Rencontre avec Jean-Luc Allain, auteur de  » L’ombre d’Elise  »

Jean_Luc_Allain_EdilivrePouvez-vous introduire, en quelques mots, votre ouvrage ?
Deux événements simultanés, la mort d’une jeune femme et l’incendie de la voiture du maire dans la cour de la mairie, viennent perturber le court normal de la vie d’une bourgade du vignoble nantais.

Ces événements sont-ils ou non liés l’un à l’autre ?
Ces deux histoires mettent en scène des personnages, tous porteurs d’une certaine logique d’action forgée par leur trajet dans la vie, par l’état de leurs relations avec leur entourage au moment des faits ou encore révélée par les situations auxquelles ils se trouvent confrontés. Au-delà de l’intrigue, alimentée par quelques rebondissements inattendus, c’est d’une aventure humaine dont il s’agit. Les valeurs, les sentiments, les ambitions, les rapports de pouvoir se conjuguent pour élaborer aux yeux des acteurs une représentation de la réalité et influencer leurs attitudes. Chacun porte ainsi ses propres contradictions, ses grandeurs d’âme et ses lâchetés.

Comment vous êtes-vous mis à l’écriture ?
Ce goût pour l’écriture s’est développé très progressivement chez moi. C’est mon activité professionnelle qui m’y a mené. En tant que formateur d’enseignants, j’ai, très tôt, été conduit à produire des écrits pédagogiques dans lesquels la difficulté résidait dans la formulation de contenu en des textes très courts, d’où l’attention portée à la précision dans le choix des mots. Avec l’écriture de mémoires de recherche, dans le cadre d’un parcours universitaire entrepris à la quarantaine, il m’a fallu changer de registre et produire des textes longs faisant appel à des argumentations détaillées et rigoureuses. Fruit de ce processus, l’écrit est aujourd’hui, probablement, le mode d’expression que je maîtrise le mieux.

On peut voir qu’Élise, à l’instar de vous-même, vient de Nantes et était institutrice. Votre roman s’inspire-t-il également de faits réels ou est-ce une fiction à part entière ?
Non, ce roman est une fiction. L’environnement dans lequel je vis a pu m’aider à situer géographiquement mon histoire mais le lien s’arrête là. De même, que le personnage d’Élise soit institutrice et qu’un autre personnage du roman soit directeur d’école n’a pas grand-chose à voir avec mon passé professionnel, même si celui-ci me permet de bien connaître ce milieu.

Il y a-t-il eu un événement particulier qui vous a inspiré cet ouvrage ?
Au départ, l’écriture de ce roman était motivée par deux éléments. L’envie, d’abord, de continuer à écrire après la cessation de mon activité professionnelle et de passer des écrits pédagogiques ou sociologiques à de la fiction. Par ailleurs, au cours de mes travaux de recherche, j’ai été amené à travailler sur des concepts tels que la complexité, la reliance, les rapports de pouvoir, la problématisation… auxquels me conduisait l’étude de situations professionnelles. Sorti de ce contexte, je voulais vérifier que ces concepts étaient « solubles » dans la vie quotidienne des gens. J’ai donc créé des personnages que j’ai fait jouer entre eux, l’intrigue a pris forme, puis  je me suis laissé emporter par l’histoire. L’imagination a fait le reste.

Quels sont vos auteurs de référence ?
D’un point de vue littéraire, je suis sensible aux auteurs qui traitent de la subjectivité des personnages, comme Balzac dont cependant je n’apprécie pas le style. Je citerai également Jean d’Ormesson pour l’élégance de la langue, Max gallo pour ses romans liant romanesque et univers politique. Mais mes auteurs de référence qui orientent ma propre pensée se situent dans un autre univers. Je pense à Edgar Morin pour ses théories sur la complexité et l’incertitude, Michel Serres  pour sa pensée sur le métissage et le lien ou Bernard Lahire pour sa théorie de l’homme pluriel.

Êtes-vous également attiré par d’autres genres littéraires ?
Je n’ai pas de préférence particulière pour tel ou tel genre littéraire. Je répondrais plutôt par la négative en citant des genres auxquels je suis peu sensible. Ainsi, je ne prends pas de plaisir particulier à lire de la poésie que je préfère goûter dans l’écoute de textes d’auteurs classiques de la chanson française. Quant aux œuvres théâtrales, j’en trouve la lecture rébarbative.

Quels sont vos projets d’écriture ?
L’écriture de ce premier roman m’a procuré un tel plaisir que je ne conçois pas de m’en priver, désormais. Un second roman est ainsi en cours. Le concept est différent du premier mais le plaisir est le même. Je poursuis ce projet avec la même incertitude que pour « L’ombre d’Elise ». Parviendrai-je à aller jusqu’au bout ? Mais ma persévérance me donne bon espoir.

Un dernier mot pour vos lecteurs ?Écrire un roman, c’est d’abord un défi personnel. Le publier, c’est une chance de le faire partager, chance offerte par Edilivre que je remercie sincèrement. Savoir qu’il est lu par un certain nombre de personnes apporte une satisfaction et, pourquoi le nier, une certaine fierté. L’aboutissement du processus, c’est d’en recevoir des retours qui montrent d’ailleurs qu’un livre ne parle pas pareillement d’un lecteur à l’autre. Et cela, c’est en soi passionnant.