Interview écrite

1 octobre 2013
Posté par
Flora

Rencontre avec Élisabeth Campagna-Paluch, auteure de  » L’Île des Femmes « 

Elisabeth_Campagna_Paluch_EdilivrePouvez-vous introduire, en quelques mots, votre ouvrage ?
Certains personnages féminins de L’Île des Femmes ont réellement existé ou existent encore (ce sont des mère, grand-mère, arrière-grand-mère, tante, cousine), d’autres sont des personnages fictifs mais toutes retracent des histoires de femmes à travers des époques et des lieux multiples : de la fin du XIXᵉ siècle aux années 1950 ; de l’Isola delle Femmine en Sicile à Tours et Paris en France en passant par Sousse et Alger en Afrique du Nord. Leurs aventures les mêlent, chacune de façon différente, à la grande et la petite histoire : l’émigration familiale sicilienne vers la Tunisie pour fuir la mafia, l’exode en France pendant la Seconde Guerre mondiale, la guerre d’indépendance en Tunisie et en Algérie, de nouveau l’émigration familiale vers la France ; mais aussi le quotidien parfois difficile avec ses joies et ses peines, due à l’absence du mari ou de l’amant, la solitude et la lutte pour survivre, adoucies par une grande solidarité féminine. C’est le portrait romancé de plusieurs figures féminines et masculines aussi au destin banal et riche à la fois, ni héroïnes ou héros ou encore martyr(e)s, seulement des femmes et des hommes dont les chemins ne se croisent pas toujours.

La Sicile, la Tunisie, la France et les Etats-Unis, autant de destinations différentes que vous abordez dans votre livre. Avez-vous eu l’occasion de visiter tous ces endroits ?
Oui, je suis allée trois fois en Sicile au début des années 2000 à Taormina et Syracuse pour donner des cours de communication pour le DUT de gestion dans le cadre d’un échange inter-universités entre Paris XIII et l’Université de Palerme mais je ne suis jamais allée à Palerme et sur l’Isola delle Femmine malheureusement ! Je suis allée de nombreuses fois en Tunisie à Sousse où j’ai pu visiter le quartier de Capace Piccolo où vivaient les membres siciliens de ma famille. J’ai vécu un an environ avec mes parents à Nabeul en Tunisie. Je suis allée en Algérie, à Alger et dans les environs quand j’étais toute petite avec mes parents mais je n’en ai pas de souvenirs particuliers. Pour la France, je vais de temps en temps à Sanary-sur-Mer (Var) où se sont établis des membres de la famille après l’indépendance de la Tunisie ; plus souvent à Port-Vendres dans les Pyrénées-Orientales. J’ai vécu en région parisienne de nombreuses années, que je viens de quitter. J’ai une maison à la campagne près de Tulle en Corrèze (maison de famille de mon mari) d’où je vous écris… Je ne connais pas la ville de Tours où je ne suis jamais allée. Enfin, j’ai beaucoup déménagé en France – mon père est officier – et j’ai vécu à l’étranger (huit ans en Allemagne) quand j’étais enfant et adolescente. Le voyage est une source importante d’inspiration pour moi et nourrit mes romans. Je ne suis jamais allée aux Etats-Unis mais je compte bien aller en Californie un jour où paraît-il j’ai des cousins dont la famille y est établie depuis le début du XXᵉ siècle.

Il y a-t-il un message que vous souhaitez transmettre à travers votre ouvrage ?
Il n’y a pas de message particulier que je souhaite transmettre dans ce roman, je laisse le lecteur libre d’y trouver le message qu’il veut.

Combien de temps vous a-t-il fallu pour terminer votre roman ?
Deux ans en tout.

Quelles ont été vos sources d’inspiration pour écrire ce livre ?
Ma grand-mère maternelle Gerolama et ses talents de conteuse insatiable sur sa vie en Tunisie. Sa mère et ses sœurs, mes grands-tantes, un de ses beaux-frères, un grand-oncle. J’ai anonymé certains personnages qui ont réellement existé afin de ne pas froisser certains membres de la famille qui n’auraient pas voulu que la vie, très agitée, d’un des leurs soit révélée de façon explicite au grand public. J’en ai créé d’autres de toutes pièces. Sousse, en Tunisie et l’Afrique du Nord et la Méditerranée en général sont une source d’inspiration pour moi. Enfin, ce roman n’aurait jamais existé sans le travail de recherches en anthropologie sociale que j’ai effectué dans le cadre d’une thèse de doctorat soutenue au département d’Études Féminines de Paris VIII en 2005 (six ans de travail) et qui a été publiée sous la forme d’un essai narratif La légende des femmes aux éditions L’harmattan dans la collection « Créations au féminin », en janvier de cette année.

Quels sont vos auteurs de référence ?
Je lis énormément et me documente beaucoup au fur et à mesure que j’écris. Aussi, mes auteurs de référence sont nombreux ! Autant les historiens (Benjamin Stora pour la guerre d’Algérie, les Historiens du Temps Présent surtout), les anthropologues comme Françoise Héritier, Claude Lévi-Strauss, Margaret Mead, Germaine Tillon, les spécialistes de la question du genre comme Elisabeth Badinter, Michelle Perrot entre autres, les sociologues comme Emmanuel Todd, Pierre Bourdieu, Roland Barthes etc. que les romanciers comme Marguerite Duras un de mes auteurs préférés, Stefan Zweig que j’adore aussi, Laclos, Céline, Brecht, Breton, Eluard, Apollinaire, Pierre Loti, Montaigne aussi ! J’en oublie. L’éthologue Boris Cyrulnik aussi m’a bien aidée à comprendre la vie de certains membres de ma famille. Le cinéma également m’inspire beaucoup, italien et allemand, américain (les policiers notamment).

Avez-vous d’autres ouvrages en préparation ?
Un autre roman historique Le rendez-vous français qui se passe dans le Sud de la France pendant l’Occupation allemande est en passe d’être édité d’ici la fin de l’année, toujours aux éditions Édilivre. Sinon, j’écris en ce moment un autre roman historique. Mais, je ne sais pas si je vais le publier car il est trop personnel à mon goût, trop autobiographique, c’est de l’autofiction et si jamais je le publie ce sera sous un pseudonyme. Une fois ce roman terminé, j’ai l’intention d’écrire des romans policiers en créant un personnage, un inspecteur de police, une femme que l’on retrouvera sur une série d’affaires dans plusieurs romans.

Un dernier mot pour vos lecteurs ?
J’espère que L’Île des Femmes trouvera son public, un public que j’imagine averti car le texte est assez littéraire : ce n’est pas un roman de gare… ou à sensations. Et qu’il donnera envie aux lecteurs de lire mes romans suivants et même ceux qui sont encore en germe…