Interview écrite

20 juin 2013
Posté par
Flora

Rencontre avec Jad.Z, auteur de  » 2012 – Chronique d’une France en campagne « 

Jad.Z-EdilivrePouvez-vous introduire, en quelques mots, votre ouvrage ?
L’idée d’écriture du livre est apparue naturellement au début de l’année 2012, au moment où la France s’apprêtait à connaître les tumultes de la campagne présidentielle et des législatives par la suite. Au fur et à mesure des jours et meetings qui passaient, l’investissement original des jeunes m’a intéressé : j’ai beaucoup discuté et débattu avec mes camarades de classe, et plus globalement avec les jeunes de mon entourage. Ce qui est marquant, c’est que les jeunes sont des voix potentielles, et que par conséquent chaque parti essaie de les apprivoiser…mais leur (notre ?) avis n’est presque jamais entendu. 2012 Chronique d’une France en campagne c’est essayer de comprendre comment les jeunes ont vécu cette période, comment ils se sont engagés, et quelle est leur vision des choses actuellement. Évidemment le livre n’a aucune portée scientifique: c’est un ressenti, une version de la campagne, version qui est construite grâce à la confrontation des idées. Enfin, une fois la période d’hyperactivité politico-médiatique passée, on a très vite tourné la page, sans peut-être prendre le temps de comprendre les résultats pour essayer de « saisir la société ». Très modestement, en « faisant le bilan » parti par parti, le livre essaie de « photographier la société » de la France en campagne, et donc indirectement celle de demain.

Votre ouvrage est-il essentiellement politique ?
Parce qu’il traite de la France en campagne, naturellement le livre est porté vers la politique, mais la « pure politique » n’est pas du tout d’actualité dans le livre. Il ne s’agit pas de décrypter les programmes à la loupe, seulement de comprendre comment et pourquoi certains éléments ont été plus remarqués que d’autres, pourquoi certains ont-ils eu plus d’impact que d’autres ? Par ailleurs, parce que les partis, à travers leurs candidats respectifs, se présentent aux suffrages des français, les résultats des élections sont nécessairement représentatifs de notre société. Comment expliquer la percée du jeune mouvement « Front de gauche » ? Comment expliquer le faible score de celui qu’on a surnommé le troisième homme de 2007 ? Marine le Pen à  près de 20%, pourquoi ? Les médias n’ont pas toujours relayé l’opinion majoritaire, et chez les jeunes, on trouve un discours sans « langue de bois », assumé et expliqué. Or ces jeunes sont la France de demain : indirectement, s’intéresser à eux, pour détruire les stéréotypes et les clichés, c’est essayer de comprendre quel sera le paysage politique de la France des années à venir.

Quel regard portez-vous sur la campagne de 2012 ?
Hyperactive. Pendant près de deux mois j’ai vécu au rythme intense des petites phrases, des meetings, des programmes et propositions en tous genres. La prééminence de nouveaux médias à rendu la campagne d’autant plus multidimensionnelle : les chaînes d’information en continu, mais aussi et surtout les réseaux sociaux sur internet ont fait de cette campagne un « grand déballage » au sens positif du terme. Même si la France de 2012 à vu arriver à sa tête un nouveau Président et un changement de majorité, cette campagne, du fait du contexte de crise économique, semble avoir beaucoup intéressé les citoyens, et aussi les jeunes. Pour résumer, on pourrait dire que cette campagne a été intense chaque jour, quel que soit le média, quels que soient les acteurs des débats. C’est ce qui la rend passionnante et qui justifie la chronique que j’ai écrite.

Qui sont les acteurs de votre ouvrage ?
Il n’y a qu’un acteur dans 2012-Chronique d’une France en campagne, c’est la France. L’objectif du livre n’est pas de raconter la campagne, mais uniquement de sélectionner les « moments marquants », sans doute ceux que l’on retiendra. Le livre est donc un « tableau » de cette France des électeurs, qu’ils soient jeunes ou vieux, de gauche ou de droite.

Votre ouvrage adopte-t-il un ordre chronologique ?
Le livre est articulé autour de deux grandes parties : la première concerne la période qui va jusqu’à l’élection présidentielle et aux législatives. Autrement dit, c’est celle qui narre la France en campagne électorale et médiatique : petites phrases, grands meetings, plateaux télévisés, déclarations éclairs et stratégies en tous genres. A l’inverse, mais non moins intéressante à étudier, la seconde partie s’intéresse aux premiers mois de la nouvelle mandature, à savoir depuis Juin  jusqu’à Novembre-Décembre 2012. Même si la période des élections est terminée, il n’en demeure pas moins que la France est encore en campagne politique, mais une campagne plus « normalisée », moins formelle, et surtout plus difficile : il ne s’agit plus de convaincre par des paroles et des discours, mais d’agir par des actes, que ce soit pour la majorité comme pour l’opposition. Au sein de chaque partie du livre, un intérêt est accordé à chaque formation politique, en fonction de son actualité du moment et/ou de son score lors des consultations électorales.

Êtes-vous un militant ?
J’ai découvert l’engagement politique très tôt, mais ce sont les campagnes de 2012 qui ont réveillé l’esprit politique et citoyen qui est aujourd’hui le mien. L’échange et le débat constituent, il me semble, le fondement de la démocratie et de ce qu’Hannah Arendt appelait la « chose publique », Res-publica. En ce sens, nous sommes tous des militants qui, malgré les différences sensibles qui existent dans la sphère politique, plaçons dans la politique les espoirs d’une société plus juste. Nous faisons de la politique tous les jours sans nous en rendre compte : l’année 2012 a seulement révélé l’engagement citoyen d’un certain nombre de jeunes, dont je suis.

Quel regard portez-vous sur la présidence depuis un an ?
Logiquement anormale. Les attentes hors-normes qui sont nées, notamment du fait de l’accession au pouvoir de la « gauche » après des années de « droite », sont aujourd’hui logiquement confrontées à la réalité de la crise que traverse notre pays. Le gouvernement « au travail » a mis en œuvre beaucoup de réformes : il serait trop facile de juger sévèrement son action seulement un an après son arrivée…laissons le travailler. Néanmoins, la nature des mesures qui sont déjà esquissées est originale et traduit le difficile ajustement d’idéaux utopiques par rapport à une réalité bien plus difficile, et sans doute volontairement omise en 2012. Malgré tout, le gouvernement est en campagne, puisqu’il doit faire preuve de pédagogie…les sorties des uns, les « couacs » des autres, les « reculades » voire les mots employés sont très intéressants à analyser. Parallèlement, les groupes d’opposition, anciennement au pouvoir, doivent apprendre à reconstruire et à outrepasser le départ du leader…l’apprentissage de la démocratie ne se décrète pas, mais se construit de jour en jour : cette construction est primordiale pour l’avenir de notre pays et mérite d’être considérée.

Un dernier mot pour vos lecteurs ?
Débattre, infirmer ou confirmer … susciter le débat, c’est finalement le but premier du livre. D’accord ou pas, ce retour sur les évènements permettra peut-être de mieux comprendre certaines situations dans lesquelles nous sommes aujourd’hui mais aussi et surtout de susciter la discussion. C’est de la discussion et de l’échange que se construit chaque jour le monde dans lequel nous voulons vivre demain…à nous d’être les acteurs de ce monde ! J’ai hâte de pouvoir échanger avec les personnes qui auront bien voulu lire le livre…que ceux qui l’ont lu n’hésitent pas à se rendre sur www.franceencampagne.fr et/ou à envoyer leurs remarques sur 2012@franceencampagne.fr.