Interview écrite

25 avril 2013
Posté par
Flora

Rencontre avec Ronan Quelven, auteur de  » Paternitage « 

Ronan_Quelven_EdilivrePouvez-vous introduire, en quelques mots, votre ouvrage ?
Comment l’introduire sinon en disant qu’au départ, les textes qui le composent n’avaient pas vocation à le faire. Ils ont été écrits de manière indépendante, sur plusieurs années. Ce n’est qu’à posteriori qu’est née l’idée d’une telle compilation. 

Que signifie le néologisme « paternitage » dans votre esprit ?
La collision de ces deux mots « paternité » et « héritage » m’est venu naturellement. Je crois que la paternité s’acquiert pour beaucoup par l’exemple, même si chacun d’entre nous en réinvente les contours. Elle est le fruit d’un héritage. De fait, notre propre paternité commence à se construire dès le plus jeune âge. C’est une chose bien délicate que d’être père. C’est de cela que traitent mes textes.

A quel genre littéraire se rattache votre écrit ?
Il est assez difficile de répondre à cette question. Cet ouvrage a été conçu comme une succession de fenêtres ouvertes sur des situations, des tranches de vies. Mais toutes ne prennent pas la même forme. Il y a des baies vitrées plus ou moins grandes et puis il y a de petites lucarnes… En fait, je crois que mon livre s’apparente davantage à un album photo qu’à un recueil de nouvelles.

Pourquoi avez-vous choisi d’aborder le thème de la paternité ?
Pas à cause de l’actualité mais parce que ce thème est tellement intime à chacun. Nous sommes tous issus d’un père. Qu’il ait été inconnu, absent, violent, alcoolique ou aimant et bienveillant, ses actes et ses paroles nous ont façonnés. C’est d’ailleurs enivrant en même temps qu’effrayant, en tant que père, de prendre la mesure de ce pouvoir que nous pouvons exercer sur nos enfants. Nos réactions sont tellement différentes face à cette responsabilité… La paternité m’a laissé beaucoup d’espace pour écrire des histoires et pourtant il en reste encore tant à écrire. C’est une thématique que je trouve fascinante.

Sur quel mode, quel ton en parlez-vous ?
Dans chacun de mes textes, j’ai cherché à traduire des émotions, à pénétrer au cœur des personnages. Cet exercice est, de fait, assez nouveau pour moi. Jusqu’à présent, je m’étais davantage aventuré dans les méandres de la poésie. J’ai voulu conserver un peu de cette candeur dans mes histoires en laissant une place à la beauté et à l’espérance, même au cœur des plus noirs nuages.

En désignant la paternité par le terme de « paternitage », quel message cherchez-vous à transmettre ?
Je ne crois pas avoir voulu transmettre un message particulier. Je crois simplement que pour être père, il faut d’abord accepter d’être fils. C’est une évidence pas si facile à vivre. Etre fils, c’est accepter de se recevoir de quelqu’un d’autre dont j’ai tout à apprendre. C’est le maillon qui unit les générations et qui nous fait entrer dans l’Histoire de l’humanité. En disant cela, je n’exclus pas la maternité bien sûr. Ces deux réalités ne sont possibles qu’en complémentarité l’une de l’autre. Mais de fait, je comprends et connais mieux l’une que l’autre. Etre père n’est finalement qu’une grande école d’humilité…un peu comme l’écriture d’ailleurs !

Un dernier mot pour vos lecteurs ?
J’espère que ces textes sauront les toucher, les faire réagir, les bousculer aussi. La magie d’un livre, c’est quand une vraie interaction se fait entre les mots et le lecteur. Pour moi, ce serait une vraie récompense.