Interview écrite

12 mars 2013
Posté par
Flora

Rencontre avec Catherine Hune, auteur de « Le problème de Paul »

Catherine_Hune_EdilivrePouvez-vous introduire votre ouvrage en quelques mots ?
C’est un roman qui raconte la vie d’un garçon qui a un problème de personnalité. Toute sa vie, il va être en lutte permanente avec une partie de lui-même. Ces deux personnalités sont une « bohème » : il aime la liberté, il rejette le système capitaliste; l’argent, les biens matériels, il se sent bien au-dessus des normes, des règles, des conventions de la société. Et une autre que j’appellerais « yuppie » : il aime l’argent, le luxe, il obéit aveuglement aux lois, aux normes. Il n’y a que le paraître qui l’intéresse. Il se conforme à ce que l’on veut qu’il soit. Ces deux personnalités ont néanmoins un point commun : une lâcheté et un égoïsme qui le poussera à quitter une épouse aimante au moindre problème et un père qui lui faisait confiance au point d’en faire son héritier. Le roman tourne autour du problème de Paul. La famille ou le couple, l’amitié avec Bruno ne sont présents que pour illustrer l’évolution de la personnalité de Paul. La solitude l’aide à le mettre en phase avec lui-même. Agnès représente une porte de sortie dans l’univers complexe de Paul. Une porte qu’il reniera pour son malheur.

Quel est le thème dominant de votre ouvrage ?
Le thème principal du roman est la recherche du bonheur. Faut-il être libre pour être heureux ? Qu’est-ce que le bonheur ? Il passe par une bonne entente et un respect des autres et non seulement de ses propres désirs. Le bonheur se situe dans le juste milieu entre s’aimer soi-même et être en phase avec la société. Je parle aussi des relations parents/enfants. L’enfant a besoin de ses parents car il a besoin d’un capital d’affection, sentiments, de l’humanité qui lui sert pour se construire et être plus fort dans la vie, être plus pertinent dans ses choix de vie. Si on est bien dans sa tête, on gère les conflits avec plus de sérénité et de sagesse, on appréhende mieux certaines situations (divorcé ou non, partir ou rester dans son couple, etc).
Je rajouterais que l’idée de cet écrit est venue à la suite d’un film que j’ai regardé. Je n’ai pas apprécié la fin morbide et immorale, c’est easy reader. J’ai voulu écrire quelque chose sur quelqu’un qui était tué au bord d’une route mais, contrairement au film, cette personne est vengée. Et puis, au fils du temps, c’est devenue l’histoire de Paul et de sa double personnalité.

S’agit-il d’un roman, d’un traité psychologique ?
ll s’agit bien d’un roman même si certaines de mes réflexions (grains de sel) sont plus psychologiques que d’autres. Comme dans tous mes écrits, je mets beaucoup de temps à travailler la psychologie de mes personnages. Pour moi, ils sont vivants comme des enfants pour une mère.

Pourquoi choisissez-vous de traiter des problèmes du couple plutôt que de ceux de l’enfant ?
Comme je l’ai dit plus haut le couple ne me sert qu’à illustrer la psychologie de Paul. Je parle de l’enfant. Pour la mère de Paul, c’est un poids mort. Elle méprisera et détestera son fils uniquement parce qu’il est né. Agnès dira à sa mère qu’elle veut des enfants pour répondre à la bigoterie de sa mère et dès qu’elle est libre, loin de ce carcan familial, elle décide de ne plus en avoir. Je ne dis pas pourquoi précisément car ce n’est pas le sujet du livre.

Votre ouvrage s’apparente à un journal intime. Est-il polyphonique (étant donné qu’un couple ?
J’ai choisi effectivement le mode du journal intime. Ma narratrice devient l’amie d’Agnès la femme de Paul qui lui a survécu de nombreuses années. Agnès lui demande d’écrire son histoire à sa mort. Ce qui m’a permis de parler de l’après Paul. Comment la vie continue quand quelqu’un de proche meurt ? Qu’est-ce que pensait son père de lui et bien sûr je raconte comment Agnès a survécu à son deuil et ce qui lui est arrivé après. Il n’est pas polyphonique. C’est une tierce personne qui écrit l’histoire de son amie à travers des souvenirs et ce qu’elle a pu apprendre de la vie de Paul. C’est pour cela que le texte est à l’imparfait et souvent même à l’imparfait du subjonctif. L’imparfait étant le mode du passé révolu.

Votre ouvrage s’intéresse justement aux problèmes rencontrés par le couple. Cherchez-vous à délivrer un message, une philosophie de vie ?
Le rôle de l’écrivain est avant tout de se faire plaisir en écrivant une histoire qui lui permet de s’exprimer ou de mettre des mots sur ses maux. Il écrit pour lui mais il doit penser aussi qu’il sera lu alors il soigne sa présentation, sa manière d’écrire. Il crée des personnages auxquels les gens pourront s’identifier. Il parle aussi au lecteur potentiel et surtout il ne dit pas tout. Le lecteur est un acteur qui ne fait pas que lire mais qui réfléchit sur sa lecture et peut inventer là où l’auteur a laissé un vide. Dans ce roman, j’évoque tout sans m’appesantir, c’est voulu car je veux que mon lecteur s’approprie Paul et puisse lui aussi lui donner un petit peu naissance. Pour répondre à votre question, je ne donne pas de message particulier, au lecteur de lire ce qu’il veut. J’ai des thèmes précis, j’en ai déjà parlé plus haut.

Comment définissez-vous le couple : comme la fusion de deux êtres, comme deux entités bien distinctes et complémentaires, ou bien ni l’un ni l’autre ?
Le couple, c’est je+je = nous, c’est-à-dire deux personnalités qui fusionnent tout en continuant d’exister et de se développer. La grande difficulté, c’est de rester soi-même au contact de l’autre. Le véritable amour est celui qui prend la personne telle qu’elle est avec ce qui va et ce qui ne va. Pour deux êtres qui s’aiment et qui sont en couple, l’objectif est le bonheur et l’épanouissement de l’autre et aussi comprendre que ce bonheur peut faire que cet autre s’en aille un jour. Rien n’est définitif.

Un dernier conseil pour vos lecteurs ?
Un conseil de lecture : mon premier recueil de nouvelles Chroniques de couples paru aux éditions Bénévent, ce sont dix histoires sur le couple.
Pour ce qui est de ce roman : Le problème de Paul, vous pouvez lire uniquement l’histoire en 10 étapes. Les grains de sel ne sont que des réflexions de ma narratrice pour illustrer l’histoire. Les poèmes sont publiés dans un recueil de poésies que je vais bientôt rééditer aux éditions thebookeditions.com