Interview écrite

10 décembre 2012
Posté par
Flora

Rencontre avec Samuel Malonga, auteur de  » Complaintes  »

Samuel Malonga, pouvez-vous nous présenter votre recueil de poésie Complaintes ?
Complaintes est un poème unique qui aborde le problème de la difficile existence des Négro-africains qu’on appelle « peuple de couleur » de manière péjorative. Ma réflexion est partie d’un constat sur la misère quasi endémique qui les frappe. Car bien souvent et où qu’il se trouve, l’homme noir est confronté à la pauvreté, au racisme, à la ségrégation et à l’exclusion. Où qu’il se trouve, il doit faire face à l’injustice et à la croissance incongrue des inégalités sociales. Il est parfois contraint à l’exil en quête d’un hypothétique bonheur. Pis encore, dans son propre pays, le damné de la terre est mis au banc de la société par les détenteurs du pouvoir qui sont  pires que les anciens colonisateurs. Ce recueil est le cri de cet homme qui a souffert et qui continue de souffrir au 21e  siècle. Il se termine par un vœu, celui de voir les Négro-africains se lever comme un seul homme pour se débarrasser de leurs oppresseurs. Complaintes est ce qu’on appelle un poème engagé.

Comment vous-êtes-vous mis à l’écriture ?
C’était à l’internat à Sona-Bata, une petite bourgade située dans la province du Bas-Congo à 80 km à vol d’oiseau de  Kinshasa. C’est là que j’avais fait mes études secondaires. Nous avions une revue scolaire et je faisais partie de l’équipe rédactionnelle. Nous avions la tâche de corriger les textes que nous envoyaient les autres élèves avant publication. Cette opportunité m’a permis de coucher quelques poèmes et articles. Ma rencontre avec l’écriture date de cette époque. Ce fut un coup de foudre. Et depuis, je n’ai cessé d’écrire. Depuis, la plume est devenue ma fidèle compagne. Depuis, nous ne nous sommes plus quittés. Elle et moi, c’est une idylle de plusieurs décades. Elle et moi, c’est un problème de cœur. Elle est ma complice. J’ai même fait des émules dans la famille, car mon neveu Gilles-Espoir Mahoukou est à son tour devenu écrivain.

Quelles ont été vos sources d’inspiration pour écrire ce poème ?
L’actualité et ma vie de tous les jours m’ont inspiré dans l’écriture de ce poème. Car je ne pouvais rester indifférent devant tout ce qui tourmente ma race. Comment ne rien faire quand on est soi-même victime des dérapages à caractère raciste ? Comment rester atone devant cette injustice banalisée? Ce que j’ai moi-même constaté, entendu, vu et vécu a été ma source d’inspiration.

Pourquoi avoir choisi la poésie ?
Parce que la poésie est de la peinture écrite. Parce que mieux que les autres formes littéraires, cet art du langage  permet à l’auteur d’étaler ses sentiments dans un mélange intense des locutions et d’émotions. Les mots y prennent des colorations multiples et des formes variées aussi des touches et des connotations imagées. Le verbe qui cadence la ronde de la pensée porte les attributs d’une luminosité éclatante. Les vers se mêlent à la prose pour rythmer les idées qui allègrement voguent dans les vagues de l’écriture. Certaines grandes causes n’ont-elles pas été défendues par la poésie ? Les courants littéraires ou artistiques tels que le dada, le surréalisme ou même le mouvement de la négritude l’ont eu pour socle. La poésie étant un luth, j’ai voulu gratter sur ses cordes pincées pour psalmodier les complaintes de l’homme noir avec force et volupté.

A quels lecteurs s’adresse votre ouvrage ?
Mon ouvrage n’est pas sélectif. Il s’adresse aux lecteurs de tous les âges, de toutes les races et de tous les continents. Les Négro-africains ne vivent-ils pas dans toutes les contrées du monde ? Par delà les problèmes rencontrés par les Noirs, Complaintes entend aussi prendre la défense de toutes ces minorités visibles et invisibles dont les causes sont oubliées et longtemps jetées dans les poubelles de l’histoire.

Quelle serait la fonction première qu’un livre doit remplir auprès de ses lecteurs ?
Informer et éduquer. Le message contenu dans un livre doit avoir pour but de mettre en évidence une situation donnée. Il doit permettre aux lecteurs de comprendre le problème en présence. Ils en tireront à coup sûr une leçon morale ou une nouvelle façon de voir les choses. Avec le journal, il joue un rôle non mois important dans l’éducation et l’information des masses. En tout cas, le livre doit éviter d’être un dérivatif mais au contraire conduire les lecteurs aux confluents de la vérité.

Si vous deviez définir la poésie en quelques vers
Voici plutôt un acrostiche en guise de définition :
 » Pan de l’art d’Orphée
Où le vers rythme le langage
Esthétique littéraire
Synchronisée par des rimes orfévrées qui
Inondent l’écriture par ses alluvions abondantes
Et qui l’ encensent de lyrisme et d’élégance  »

Quels sont vos futurs projets ?
Ecrire encore et toujours mais sur des thèmes variés ayant trait à certains problèmes de société.

Un mot pour vos lecteurs ?
J’ai besoin de leurs suggestions car elles m’aideront à m’améliorer. Je les invite aussi à lire Fleurs d’hivernage et Le rêve infini, les deux ouvrages que j’avais écrits précédemment.