Interview écrite

25 juillet 2012
Posté par
Marie

Rencontre avec…Frédéric Monceau

Frédéric Monceau, Le cœur entre deux chaises est votre premier roman publié chez Edilivre. Que pouvez-vous nous en dire ?
Le cœur entre deux chaises est un roman sentimental qui met en avant l’amour de deux personnes qui ne sont pas censées s’aimer au premier abord. Deux garçons qui se tiennent la main et forment une union plus solide que beaucoup de couples hétérosexuels.
Ethan et Hayden vivent leur histoire d’amour en avançant sur une pente sociale glissante, l’homosexualité étant, encore aujourd’hui, tabou. Un soir, ils se font agresser, tabasser. Hayden tombe dans le coma. Comment Ethan va réagir face à ce remake de la Belle au bois dormant ? Va-t-il rester auprès de sa moitié malgré le temps qui passe ou va-t-il tourner la page ? Hugo, un jeune surfeur à la sexualité ambigüe va, malgré lui, aider Ethan à prendre sa décision.
C’est un premier roman gay qui parle avant tout d’une histoire d’amour intemporelle et malmenée.

Votre roman se base-t-il sur vos propres expériences ?  Ce roman est un pied d’encrage entre le réel et l’imaginaire. Il attend le lecteur sur le bord d’une route frontalière séparant le pur roman de l’autobiographie. La ligne directrice de l’histoire est inventée, mais ce que traverse le personnage principal, Ethan, est tiré de mes propres expériences. Qu’il s’agisse de son coming out, de sa relation avec les autres, des amis qu’il rencontre au cours de sa vie, tout est vrai. Toutefois, ma vie ne colle pas au scénario d’un script hollywoodien, il a fallut créer pour donner un souffle suffisant au roman et permettre au lecteur de ne pas manquer d’air. La lecture est avant tout un divertissement !

Qu’est ce qui vous a poussé à écrire ce roman ? J’ai toujours eu le besoin de communiquer avec les autres. L’expression est une chose quasi vitale pour moi. Il n’y a pas eu de raisons particulières qui m’ont poussées à écrire ce roman, si ce n’est l’expérience suffisante que j’ai accumulé et qui m’a permis d’avoir le bagage nécessaire pour créer une histoire.
Aussi, je trouve que la littérature gay manque de matière ! A part des romans à l’eau de rose et des pseudos histoires érotiques, il n’y a pas de véritables romans… Je pense que j’ai écris le livre que j’aurais aimé trouver en librairie.

Que voulez-vous que le lecteur trouve en lisant votre livre ? Je veux avant tout qu’il passe un bon moment et s’aère l’esprit en se plongeant dans l’histoire. Mon objectif le plus secret est que ce roman puisse aider certaines personnes à s’accepter en prenant conscience qu’ils ne sont pas une exception étrange, mais simplement une normalité banale. Ce premier roman concerne particulièrement un public gay, qui pourra sourire en s’identifiant au personnage. Mais j’espère qu’il pourra également toucher un public plus large, non-informé et peu au courant du milieu gay. Le manque de connaissances a des répercutions catastrophiques ! Il entraîne la peur de l’inconnu et l’enfermement dans un micro système défensif qui pousse les hommes à se repousser les uns les autres. Comment pouvoir accepter une chose méconnue ? Cela revient à accepter une prise de risque, c’est contre nature. C’est pour cela qu’il faut informer les gens et dire haut et fort que l’homosexualité est une chose normale et qui doit être acceptée comme telle. J’espère que mon roman montrera à certains qu’il ne s’agit que d’une simple différence et non d’une anomalie.

Si vous deviez définir votre style d’écriture, ce serait lequel ? Je reste persuadé que l’écriture actuelle n’est pas cantonnée à une certaine élite. Il  ne faut pas être académicien pour avoir la prétention d’écrire un roman. Je crois que les choses évoluent avec le temps et que la littérature est en retard sur ce point. Mon style d’écriture est très moderne, j’écris comme je parle, en cherchant avant tout à raconter une histoire.  Tous les auteurs ont des « maîtres d’écriture », des auteurs de référence qu’ils aiment lire et qui les conditionnent indirectement. Saphia Azzedine m’a beaucoup influencé. Sans prétention, je pense me rapprocher de son style d’écriture qui correspond, pour moi, à un nouveau souffle apporté à la littérature. Plus de phrases interminables dépourvues de sens mais, enfin, des assemblages de mots qui vont droit au but.

Pour vous, quel est le secret d’un livre réussit ? Je pense qu’un livre ne peut pas être caractérisé de réussi ou non. Tout est question d’impression et d’expérience. Nous avons tous un chemin de vie différent et des goûts bien particuliers. Un roman pourra être qualifié de réussi pour certains et de gâchis pour d’autres.
Mais il y a quand même quelques conseils à suivre… Je pense qu’il faut une légitimité de l’auteur à traiter tel ou tel sujet. Il ne faut pas tomber dans l’ennuie ou se perdre dans l’histoire, mais être capable, au contraire, d’organiser son roman et de capter le lecteur. Pour cela rien de mieux que les multi-sentiments : parvenir à lui arracher des larmes de rire et de tristesse dans les secondes qui suivent.
Enfin, il faut écrire avec son cœur, que chaque mot soit plus grand que lui-même, détienne dans ses lettres un sens et un message concret. Ecrire pour écrire ne mène à rien, écrire pour dire quelque chose correspond peut être à une ébauche de livre réussit.

Racontez-nous vos projets en cours et futurs ? Je suis en pleine rédaction de mon second livre ! Il s’agit encore d’un roman sentimental qui traite de l’importance des choix dans notre vie. Pour en dire un peu plus, il s’agit de deux personnages qui sont nés dans un milieu qui ne leur correspond pas, vont se battre pour affirmer leurs décisions et vont avoir des parcours strictement différents. C’est l’histoire croisée d’un enfant de quartier qui veut devenir danseur et d’une parisienne bourgeoise qui ne veut pas reprendre l’entreprise familiale. J’essaye de montrer que l’être arrivé sur Terre dans l’endroit le plus favorable pour lui ne sera pas forcément, au final, le plus heureux. Mais je n’en dirais pas plus !